mercredi 29 janvier 2025

Archéorôludisme : Casus Belli n°37

Et voilà : comme annoncé, voici le dernier article de cette série consacrée aux Casus d'avant. Avec le n°37, je referme une parenthèse (appréciée, semble-t-il). L'histoire de Casus Belli (canal historique) continue de s'écrire ailleurs. Repartons donc au printemps 1987 : de quoi nous parlait Casus Belli à cette époque ?



Alors qu'une page de publicité annonce la sortie de Stormbringer en français pour avril, l'éditorial célèbre les 7 ans de Casus Belli, ce qui ne nous rajeunit pas. Alors que le deuxième salon national des jeux de réflexion bat son plein du côté de la porte de Versailles (et qu'AD&D brille par son absence sur les tables annoncées), les Nouvelles du Front font le plein d'annonces, incluant d'ailleurs quelques services Minitel ludiques (ça non plus ne nous rajeunit pas). 

Dans les sorties à venir, le poids lourd (en VF) est l'arrivée de Stormbringer et de Les Mille et une Nuits, le très beau jeu de plateau édité chez Gallimard (qui va bientôt arrêter les frais ludiques). En VO, les suppléments sont nombreux et peu de nouveaux jeux sont annoncés. Le Barbare Déchaîné, de son côté, s'en prend au dessin animé Le sourire du Dragon. Produit par Gary Gygax, il s'agissait à l'époque d'un dessin animé AD&D, diffusé sur Antenne 2 (l'ancêtre de France 2, pour les moins vieux plus jeunes). 

Au milieu de ces nouvelles, un page de BD nous donne l'occasion d'admirer le trait de Tignous, avec une page de BD narrant les aventures d'Albert Pommier, facteur de son état, et qui ouvre d'ailleurs un concours de synopsis destinés à alimenter de futurs épisodes. On aura droit à la suite dans le numéro suivant. 

Un coup d'œil à la presse et on file vers What's your game ? qui va traîner du côté du Québec et de l'Espagne tout en se penchant sur l'état d'esprit du jeu américain (en pleine polémique Price of Freedom, dont je parle plus bas). Une petite interview de Greg Stafford qui s'élève contre la tendance nationaliste affichée par certains jeux.

Les inspi-bouquins mettent en avant un bel échantillonnage de romans qui n'ont pas tous survécu à l'oubli, et on peut en dire de même des BD présentées par André Foussat. Pour l'inspi-ciné, c'est horreur qui est à l'honneur, avec notamment une interview de Michele Soavi, un émule de Dario Argento. 

Passons aux Têtes d'affiche : le wargame fait son retour, puisqu'on parle d'Armada, de Tank Leader et de Paratrooper, avant Gamma World (dans sa troisième édition) et de la ré-édition de RuneQuest, puis de jeux plus confidentiels comme Danger International, Ghostbusters ou Teenage Mutant Ninja Turtles (oui, les Tortues Ninja !). Du côté des suppléments et des scénarios, on relèvera Enchères sous pavillon noir, encensé par le chroniqueur. Comme quoi, les temps ont changé...

L'article suivant parle de Dragonlance, qui décrit une campagne mythique pour AD&D. Je crois pouvoir dire qu'à l'époque, l'article de Jean Balczesak donna envie à beaucoup de joueurs d'aller faire un tour dans le monde de Krynn. 

Il était annoncé dans le numéro précédent : Price of Freedom fait l'objet d'un article à charge de Pierre Rosenthal. Pour ceux qui n'ont pas connu cette période, ce jeu (édité par West End Games et auquel ont contribué quelques pointures du JdR, comme Greg Costikyan, qu'on retrouvera plus tard aux manettes de Star Wars D6) plongeait les personnages dans une dystopie où les USA étaient envahis par les vilains Russes. Plein de patriotisme, il plaidait maladroitement l'humour, mais l'argument du second degré n'avait pas pris. Au passage, l'auteur du jeu se fait méchamment écharper dans un encadré de Duccio Vitale. La série télévisée (à l'époque, on parlait de feuilleton) Amerika, qui inspira ce jeu, n'a pas laissé beaucoup de souvenir 

Pour replacer le contexte, en 1987, le mur de Berlin n'était pas tombé et la Guerre Froide n'était pas terminée. Ronald Reagan était encore en poste à la Maison Blanche et Gorbatchev faisait assaut d'amabilités envers l'Occident, ce qui préfigurait la chute à venir de l'U.R.S.S. Avec le recul, le ton de l'article paraît bien mélodramatique : tout le monde (ou presque) a oublié Price of Freedom et la réalité n'est pas si loin de dépasser la fiction. 

Profession Maître du Donjon revient aux fondamentaux du JdR et de son grand ancien. Il est écrit par Denis Beck, qui sait de quoi il parle, et est forcément recommandable. Vient ensuite un très bel article, instructif et riche, traite de l'héraldique. Il est conçu (et illustré) par la regrettée Anne Vétillard, qui maîtrisait rudement son sujet. On s'est tous couchés moins bêtes après cette lecture, je crois. 

Les scénarios de ce numéro concernent Légendes de la Table Ronde, Rêve de Dragon et AD&D 

Devine qui vient dîner...explore les Marais de la possession et ceux qui les peuplent, illustrés par Ségur, tandis que la rubrique Dis Monsieur est illustrée par Mézières, qui nous offre une créature qu'on jurerait sortie d'un album de Valérian. Rappelons que ce dessinateur est loin d'être étranger au monde du JdR, puisqu'il avait déjà illustré la couverture d'Animonde (voilà encore un jeu qui mériterait une nouvelle édition). Bâtisses et Artifices traîne ses guêtres à Laelith et décrit les Prisons et Tribunaux de la cité. c'est riche et inspirant, comme bien souvent. 

Du côté des scénarios, on a La butte aux corbeaux (pour Légendes de la Table Ronde) par Anne Vétillard, Les Montagnes Barbares (pour AD&D) et Cherche-Lune (pour Rêve de Dragon). En les relisant, on se prend à avoir envie de parcourir certains de ces univers rôludiques. 

Les Métalliques explorent le futur : on a droit à de jolies figurines de science-fiction, qui vont de Traveller à Paranoïa, puis on passe aux jeux de plateau avec Roma (jeu de stratégie d'International Team), avant la Ludotique, où est chroniqué (parmi d'autres) un certain Nine Princes in Amber, tiré des romans de Zelazny et qui fera bientôt l'objet d'une adaptation rôludique. 

Le wargame en encart est consacré à Turenne et la campagne d'Alsace en 1674. Oui, encore un numéro qui offrait, l'air de rien, un jeu complet (et viable !). Un article sur le wargame The Korean War, traitant d'un conflit peu exploité ludiquement parlant, où l'auteur s'égare parfois à raconter sa vie, mais reste très positif sur ce jeu. Spain and Portugal (le sixième volet de la série Europa)  conclut la partie wargame du magazine (si on excepte un courrier et l'errata du jeu publié dans le numéro précédent).

C'est Kroc-le-bô qui clôture ce numéro, en trouvant l'amour... ou pas !


Cet exercice de recension fut, une nouvelle fois, un grand plaisir. Cependant, comme annoncé, il s'arrête ici. Les numéros suivants sont l'objet de chouettes récits (j'en ai fait la liste dans un article il y a quelques semaines). 




jeudi 23 janvier 2025

Archéorôludisme : Casus Belli n°36

La séquence "nostalgie" touche à sa fin : j'avais prévu d'évoquer les numéros de Casus Belli (première édition) du 25 au 37, les autres opus ayant déjà fait l'objet de chouettes recensions ailleurs. Repartons donc en 1987 pour le numéro 36.




A l'époque déjà, cette couverture n'était pas dans mes préférées et j'ai bien peur que cela n'ait pas changé. Mais passons aux choses sérieuses : le magazine s'ouvre avec les Nouvelles du Front (après quelques pages de publicité) : c'est surtout l'annonce du deuxième Salon national des jeux de réflexion (du 28 mars au 5 avril 1987, à la Porte de Versailles. Quantité d'autres manifestations sont aussi annoncées, mais ce salon a des allures de grande messe. 

Le compte-rendu des manifestations passées est aussi riche, avec du grandeur nature et du SuperGang, mais on expérimente, y compris du côté d'Angoulême où, sous la houlette de Jacques Lob (scénariste du Transperceneige), des dessinateurs mettent en images des situations imaginées par les joueurs. Et parmi ces dessinateurs, on retrouve des noms connus, dont le regretté Tignous, collaborateur de Casus Belli (mais pas que).

Dans les sorties à venir, il y a pléthore de titres. Surtout, on remarquera que Schmidt est encore présent, avec des parutions pour L'Œil Noir (la ville d'Havena) et pour Chill. C'est aussi à ce moment qu'arrive le monde de Trégor, édité par les Editions Dragon Radieux. La partie étrangère de ces annonces est plus maigre, avec proportionnellement plus de wargames que lors des derniers numéros. Du côté des magazines, sont évoqués Chroniques d'Outre Monde (qui dégaine ses numéros 3 et 4), Dragon Radieux, mais aussi des titres plus oubliés comme Epées et Sortilèges ou Info-Jeux. 

Dans ce numéro, apparait le Barbare Déchaîné, qui viendra régulièrement râler dans Casus (et sera mal imité par l'Odieux Connard quelques décennies plus tard). Ce chroniqueur (dont l'identité était cachée à l'époque) s'en prend notamment à Hexagonal, en délicatesse avec Anne Vétillard. 



Après les annonces des clubs, suit une interview d'Alain Cornejo, éditeur de de wargames, puis vient la rubrique What's your game ? où est annoncée l'arrivée de Warhammer Fantasy Roleplaying System qui laisse le chroniqueur mitigé, tandis qu'Outre-Atlantique, la rumeur veut que Gary Gygax quitte TSR pour aller créer un nouveau jeu de rôle (suspense !).

On file ensuite au cinéma où on a droit à un retour sur le festival d'Avoriaz (c'était là que se déroulait le festival qui a lieu aujourd'hui à Gerardmer). La moisson est belle : Labyrinth, La mouche, Blue Velvet, notamment ! Du côté des bouquins, c'est encore une fois l'éclectisme, avec un livre du bimestre (i) et quantité de challengers intéressants. Pour une fois, la rubrique BD paraît maigre, période de Noël oblige (mais ça a changé, depuis). 

Les Têtes d'affiche  sont bien garnies : y sont décortiqués (entre autres) Hawkmoon, Warhammer et Pendragon (chez Gallimard) qui se fait étriller tout comme le dixième supplément AD&D, le Wilderness Survival Guide. Du côté des scénarios, on voit arriver Le dompteur de volcans, applaudi des deux mains... et là, on mesure le gouffre avec l'appréciation qu'on en aurait aujourd'hui.

Suit un long article sur Avant Charlemagne, puis un autre sur Premières Légendes, globalement positifs, mais ne cachant pas les défauts de ces jeux. Puis Profession : Héros donne quelques conseils sur la création et le jeu de son personnage, pour les joueurs. J'en ai connu qui n'avaient pas lu ces pages...

La rubrique Devine qui vient dîner reprend la saga des Ma'ians (voir les numéros 32 et 33), avant de laisser place à un fort utile glossaire VO/VF des sorts, disciplines et autres pouvoirs psioniques d'AD&D, avant le Dis Monsieur, dessiné par Cadelo.

Pour faire suite au précédent numéro, un article décrit le Cloaque de Laelith sur quatre pages et c'est peut-être moins convaincant (car moins massif) que la description de la ville. Par la suite, la cité du Roi-Dieu sera le théâtre de plusieurs scénarios et verra notamment les provinces qui l'entourent être décrites en détail. Si ça, ce n'est pas du suivi !

Les scénarios de cette fournée concernent Avant Charlemagne (avec un scénario de François Nedelec, faisant suite à celui du livre de base), L'Appel de Cthulhu et AD&D et précèdent Kroc-le-bô qui s'essaie à la musique live (mal lui en prend). Viennent ensuite les Métalliques avec un article sur les figurines de squelettes. 

L'article suivant détaille 1830, un jeu arrivé trop tard pour faire partie de la fournée ferroviaire du n°33, où la gestion est reine : il s'agit, selon l'auteur, du "jeu de l'année et de la meilleure simulation économico-ferroviaire jamais produite" (rien que ça !). Après la Ludotique, où se côtoient les jeux pour Atari, Amstrad, Apple et Commodore, on retrouve la partie consacrée aux wargames, un peu plus épaisse que dans les numéros précédents. Il faut dire qu'on y trouve rien moi que le jeu du Championnat de France de Wargame : Objectif Berlin !

Après ce copieux plat de résistance, vient un article qui reste dans la même période et décrit Fire in the East, un gros et complexe wargame, et juste après sont évoqués des "petits" wargames avec la collection Micro Warfare Series. Là, j'avoue avoir été totalement dépassé. 

Mais ce n'est pas fini, puisque vient ensuite un scénario pour Air Force, qui clôture ce gros numéro (avant les petites annonces et quelques pages de publicité). Voilà encore une sacrée livraison !

On se retrouve très bientôt pour le numéro 37, qui sera le dernier de cette série !

vendredi 17 janvier 2025

Archéorôludisme : Casus Belli n°35

Quand parut le numéro 35 de Casus Belli, en décembre1986, il marqua une étape importante pour nombre de rôlistes lecteurs de ce magazine. Ce numéro fut en effet celui en grande partie consacré à Laelith, ville qui a fait récemment l'objet d'une ré-édition très augmentée chez BBE. 




Ce numéro s'ouvre sur les rubriques habituelles, avec les Nouvelles du Front qui annoncent les rencontres à venir et celles passées. Notons que dans ce numéro, un petit article évoque des émissions télévisées (vous savez, le truc d'avant Internet) qui traitent du jeu de rôle. Je ne me rappelle pas avoir regardé ces programmes : quelqu'un en a-t-il le moindre souvenir ?



Passons aux sorties annoncées dans ces colonnes : c'est à cette époque qu'Hexagonal sort JRTM, mais aussi que Gallimard produit la VF de Pendragon (dans sa boîte plastique au design livresque). Plus anecdotique, la sortie annoncée des Aventures Extraordinaires (chez les Elfes) est repoussée, puisque son auteur a quitté l'éditeur en question. Du côté des VO, on parle surtout des suppléments et modules pour AD&D et D&D, mais quelques lignes évoquent la sortie prochaine de Price of Freedom, dont on reparlera bientôt. La rubrique What's your game ? relate la crise que traversent plusieurs maisons d'édition, outre-Manche et de l'autre côté de l'Atlantique, tout en concluant avec de l'optimisme. 

Vient ensuite une page d'interview avec Sandy Petersen, le créateur de L'Appel de Cthulhu, qui évoque notamment la sortie prochaine d'Hawkmoon et avoue son goût pour les jeux "classiques", tels que les échecs ou le Monopoly (si, si, c'est vrai !). Juste après, la rubrique Inspi-Ciné fait la part belle au dernier Disney, le trop méconnu Basil, détective privé, avant de se lécher les babines en annonçant Terminus, pseudo Mad Max à la française (dont on mesurera bientôt l'abyssale nullité). 

La partie bouquins de la rubrique Inspi met en avant le formidable Trois cœurs trois lions, que nous fûmes, je crois, nombreux à lire suite à cet article, tandis que de l'autre côté, on parle BD et notamment du dernier Bourgeon, Les yeux d'étain de la ville glauque

Les Têtes d'affiche présentent quelques belles sorties. Jugez plutôt : Avant Charlemagne, Premières Légendes de la Table Ronde et Bushido, rien que pour les titres en français. En VO, sont recensés DC Heroes et GURPS, auquel Pierre Rosenthal trouve un petit air de MEGA (mais constate qu'il est plus simple). 

Puis vient le gros morceau du numéro, auquel ont participé de grands noms du JdR et de l'illustration : Laelith, la cité du Roi-Dieu. C'est un dossier assez vertigineux que celui-ci, décrivant en détail les us et coutumes de cette ville, ainsi que ses quartiers. Nul n'a oublié la Chaussée du Lac ou la Terrasse du Châtiment. Ce beau gâteau est orné de plusieurs cerises : c'est le talentueux et regretté Tignous qui illustre la rubrique Devine qui vient dîner, tandis que le Dis Monsieur... est confié à Enki Bilal, rien que cela !



La rubrique Bâtisses et Artifices reste à  Laelith avec la Haute Guilde, qui évoque le commerce et les marchands, puis vient La nuit de l'Empereur-Démon, un scénario AD&D qui se déroule dans la cité du Roi-Dieu, et qui est illustré par Florence Magnin.

On quitte Laelith pour les dernières pages du magazine, avec un scénario Paranoïa de Pierre et François Lejoyeux, puis les deux pages consacrés à Kroc-le-Bô, qui nous présente Gob-City (en restant dans le ton de ce numéro, donc).

La rubrique Sur un plateau fait les éloges de Rencontre Cosmique, sous la plume de Pierre Cléquin, avant une petite Ludotique et  les quelques pages qui restent aux wargamers (un article sur World in Flames avec une interview de son auteur, et une aide de jeu pour Amirauté)

En refermant ce numéro, nombreux sont ceux pour qui il marqua une étape, dans leur vie de rôliste, mais aussi dans celle du magazine.  

lundi 13 janvier 2025

Nouvelles du fond

Entre deux séances d'archéorôludisme, voici quelques infos du monde rôludique !

- Arkhane Asylum Publishing a communiqué sur les sorties prévues cette année en publiant une image qui laisse libre cours à l'imagination. Il semblerait que Maléfices fasse partie des jeux qui auront (enfin !) droit à un supplément. Il était temps, me direz-vous. On ne se réjouira que lorsque le dit supplément sortira...



En attendant, vous pouvez jouer vous aussi à deviner quels seront les ouvrages à venir chez AAP en écarquillant les yeux sur l'image ci-dessus. 

- C'était (hélas) prévisible, mais c'est confirmé depuis quelques jours : Les Moutons Electriques déposent le bilan. Malgré pas mal de maladresses, on regrettera sans doute quelques initiatives de cet éditeur (qui venait de sortir un livre consacré à notre hobby).

- Si vous êtes abonnés à Casus Belli, le numéro 48 de la quatrième génération de ce magazine vient d'arriver dans les boîtes aux lettres et est estampillé "été 2024". Je reviendrai prochainement sur cet antépénultième opus pour vous en détailler le contenu. 

- Enfin, et c'est encore chez AAP, le livre de base ainsi que l'écran de Blade Runner sont disponibles en commande, tandis que la précommande de Discworld ne saurait tarder ! 



jeudi 9 janvier 2025

Archéorôludisme : Casus Belli n°34

 


Ce numéro est à nouveau un spécial scénarios et ces derniers occupent une part majoritaire dans les pages du magazine. Les rubriques habituelles sont par conséquent plus réduites, mais l'information majeure de ce numéro est le délai inhabituel entre le précédent et celui-ci. A qui la faute ? C'est l'informatisation qui est en cause, selon le mot d'excuse de Joe Casus et Annabella Belli.
Dans l'actualité, notons une annonce amusante : le record de la plus longue session de jeu de rôle en continu vient d'être battu (plus de 168 heures d'AD&D) !

Dans les sorties à venir, c'est du lourd, rien qu'en VF : sont annoncés de futurs classiques comme Avant Charlemagne, Légendes de la Table Ronde, Bushido, JRTM ou Pendragon. Et, du côté de la VO, ce n'est pas mal non plus, puisqu'on voit arriver des titres comme Hawkmoon, Ghostbusters ou Warhammer (le jeu de rôle). La rubrique What's your game évoque le monde du jeu anglo-saxon avec quelques échos, notamment l'arrivée prochaine de DC Heroes.

L'inspi-ciné est consacré à la franchise James Bond et annonce (à tort) que le successeur de Roger Moore sera Pierce Brosnan, pour The Living Daylights (en tournage). L'espion britannique a aussi droit à un gros encadré dans l'inspi-bouquins. Dans les inspi-BD, quelques titres majeurs sont évoqués, comme Les eaux de Mortelune, Alef-Thau ou Sambre.

On passe ensuite aux Têtes d'Affiche, où sont épluchés quelques jeux devenus incontournables : Paranoïa, le Manuel des Joueurs d'AD&D, Talisman (dont la VF semble navrante) ou le très agréable Vous êtes l'as des as.

C'est au tour de Kroc-le-bô de se faire maltraiter sur deux pages (ce n'est plus L'enfer du décor), puis vient R.O.L.E., le plus petit jeu de rôle du monde, une expérimentation de Didier Guiserix et François Nédelec. Pour tout dire, la simplification est surtout dans la feuille de personnage, le système imposant tout de même un calcul. Je ne me rappelle pas avoir utilisé ce système, à l'époque. 


On passe ensuite aux choses sérieuses : les scénarios de ce numéro spécial.

Le premier scénario, Les Seigneurs du Vent, est destiné à MERP/JRTM et est signé de Denis Beck (le spécialiste des scénarios AD&D de l'époque). Il présente plusieurs particularités, notamment celle de ne pas utiliser l'époque choisie par l'éditeur du jeu, en étant contemporain de la Batailles des Cinq Armées. S'il n'est pas exempt de défauts (notamment à propos de son antagoniste principal), il reste un excellent scénario d'initiation à cet univers et mériterait d'être ré-édité pour L'Anneau Unique, par exemple. 

Le suivant est Le suppôt de Satan, pour L'Œil Noir, avant Vacances Studieuses pour MEGA et Le collège pour Légendes des Mille et Une nuits (dont les caractéristiques de PNJ prennent pas mal de place). Puis vient un (court) scénario pour Bitume par Croc, avant un scénario D&D, au bas duquel on peut découvrir une étrange publicité pour Maléfices, en référence à un slogan de l'époque. 



On fait ensuite une petite pause avec le Dis Monsieur.. qui invite cette fois Nicollet, surtout connu pour ses couvertures aux éditions Néo, puis on retrouve un scénario pour L'appel de Cthulhu, suivi par un AD&D qui annonce la couleur : l'aventure peut s'avérer très dangereuse. Enfin, Le Fleuve de l'Oubli est une solo-quête onirique dans l'univers de Rêve de Dragon et écrite par Denis Gerfaud.

Les wargamers ont droit aussi à leur part de scénario, même si, peu à peu, le nombre de pages qui leur sont réservées diminuent : Empire, Baston, Siège, Air Force et Squad Leader sont concernés par ce numéro, qui nous réserve également un index (impressionnant) des scénarios publiés depuis les débuts de Casus Belli. Evidemment, AD&D est très majoritaire. 

Le numéro suivant de Casus Belli marquera, chez beaucoup de lecteurs, une étape : il leur offrira rien moins qu'une ville, dont le nom est resté 

dimanche 5 janvier 2025

Archéorôludisme : Casus Belli n°33

Repartons un instant en juin 1986, pour le numéro 33 de Casus Belli, première génération. Le premier magazine des jeux de simulation est alors une machine éprouvée, dont nombre de chroniques sont désormais installées.




On pourrait croire que ce numéro est porté par une thématique ferroviaire, puisqu'une partie non négligeable de son contenu évoque le train. D'ailleurs, la couverture annonce la couleur : il y aura du train et de la neige, comme on le verra plus loin.

Le journal s'ouvre avec quelques publicités (notamment une pleine page pour Hexagonal, avec Les Trois Mousquetaires, Bushido et JRTM), puis on attaque le calendrier, qui annonce le France Sud Open de Toulon, notamment, avant de faire un récit de quelques conventions passées et le résultat des concours de scénarios (pour Légendes et les aventures en solo). On passe ensuite aux nouveautés, avec notamment des titres comme Les aventures extraordinaires (d'après Jules Verne), attendu chez Les Elfes, ou les traductions prévues chez Hexagonal : Sandman et Time Master, par exemple, n'auront pas franchi l'étape du projet. Mais d'autres éditeurs dégainent de sacrées adaptations, qu'il s'agisse de Paranoïa chez Jeux Descartes ou de Chill chez Schmidt, pour n'en citer que deux. La partie réservée aux créations en VO est plus réduite (mais très concentrée) tandis que les magazines pullulent : c'est à cette époque que naît Chroniques d'Outre-Monde, avec son numéro 0, tandis que l'article évoque aussi Info-Jeux et Dragon Radieux, respectivement à leurs numéros 3 et 4.
De même, les clubs et les boutiques annoncées dans les pages suivantes semblent se multiplier. Peut-on parler d'un certain âge d'or ?

What's your game se fait l'écho de l'actualité outre-Manche, notamment sous l'angle business, puis vient une interview de G.J. Arnaud, l'auteur de La Compagnie des Glaces, par Pierre Rosenthal. On embraie ensuite sur une Inspi Ciné très ferroviaire puisque Runaway Train tient le haut de l'affiche. On passe ensuite à la BD, en compagnie d'Annabella Belli, avant deux pages de conseils de lecture. Roland C. Wagner a fourni à l'époque quantité d'aiguillages littéraires : toute une génération se biberonna à ses chroniques, je crois. Enfin, le troisième volet de l'article consacré à la fantasy évoque ses tenants actuels (à l'époque), de Poul Anderson à Gene Wolfe. 

Les Têtes d'affiche offrent une belle variété de jeux, avec du JdR, du jeu de plateau et du wargame : y sont chroniqués (entre autres) des jeux comme Skyrealms of Jorune, L'an mil ou Dr Ruth's game of good sex (!). Puis commencent les "gros" articles. La Compagnie des Glaces, un des plus anciens jeux de rôle français (à quand une ré-édition ?) est l'objet d'un article de Pierre Rosenthal qui le voit "plus proche d'un jeu d'atmosphère que d'un jeu de dés". 

La rubrique Bâtisses et Artifices est consacrée à l'abbaye, qui apprit sûrement pas mal de choses à pas mal de lecteurs. Notons au passage que cet article se conclut en conseillant la lecture du Nom de la Rose, dont l'adaptation cinématographique n'était pas encore sortie. Vient ensuite la Gazette Galactique qui propose, en plus d'une aide de jeu sur les armes, un errata, la deuxième édition de MEGA ayant soulevé quelques questions. 

L'article qui suite, signé Jean Balczesak, s'intitule Profession : Maître de Jeu et, si ce qu'il énonce semble aujourd'hui plein d'évidences, il a pu être utile aux MJ débutants de l'époque. La rubrique Devine qui vient dîner  continue, après le numéro 32, de décrire les Ma'ians. Suit une nouvelle, puis c'est le Dandurrir d'Arno qui est l'objet de la rubrique Dis monsieur...

On remonte ensuite dans le train avec un scénario pour La Compagnie des Glaces  : Les neiges du Kilimandjaro. Ce sera (sauf erreur de ma part) le seul et il est écrit par Jean-Pierre Pécau, auteur du jeu. Le scénario suivant Le jour où le ciel tomba est destiné à Légendes Celtiques et précède l'inévitable scénario pour AD&D. On a ensuite droit à une nouvelle aventure solo, illustrée par Ségur : Les pluches, qui avait remporté le concours proposé dans le numéro 31. Aviez-vous endossé le rôle de ce petit scout de corvée d'épluchages de 25 kg de patates ?



C'est ensuite le tour de L'Enfer du Décor, la BD en deux pages (par Arma), puis vient la rubrique Métalliques, qui donne des indications quant à la peinture des figurines en plomb, sous la plume de Jean Balczesak (encore lui). Je me demande ce qu'auraient pensé les amateurs de ces colonnes de l'omniprésence de figurines en plastique, aujourd'hui. 

La rubrique Sur un plateau est titrée "Empires de métal", non qu'y soient traités des jeux avec figurines (rapport aux pages précédentes). Il s'agit ici de jeux de plateau sur le thème (omniprésent dans ce numéro) du train. Souvenez-vous qu'à cette époque, le jeu Les aventuriers du rail n'existe pas encore ! Sont évoqués des titres oubliés comme Rail Baron (chez Avalon Hill), Railway Rivals (Games Workshop), Empire Builder (Mayfair Games) et British Rails (chez le même éditeur, tandis qu'une poignée d'autres sont cités. L'article est très complet et ne désigne pas de grand vainqueur du banc d'essai. 

Les wargamers ont droit à un article sur Wellington's victory, "gros" jeu napoléonien, de chez SPI, puis à un autre sur Druid, édité par la toute jeune compagne West End Games. La conclusion du chroniqueur est assez amusante et révélatrice : "Plus qu'un wargame, Druid est un jeu".

Les pages suivantes sont destinés aux fans de deux poids lourds (à l'époque) du wargame : Air Force et Squad Leader, avant la Ludotique qui évoque des jeux pour des micro-ordinateurs oubliés : vous souvenez-vous du MO5 et du TO7, par exemple ?

Enfin, c'est une nouvelle page L'enfer du décor  qui clôt le numéro avec Kroc-le-bô, qui trouve (malgré lui) un job de monstre errant. 


Notre gobelin préféré conclut ce numéro 33 de Casus Belli. On se retrouve bientôt pour le numéro 34 !



jeudi 2 janvier 2025

Jeu de rôle Magazine n°66

Entre deux plongées dans le passé avec les vieux numéros de Casus Belli, prenons le temps de nous pencher sur la presse rôludique actuelle. Cette dernière ne compte plus grand chose, en matière d'offre. Le numéro 66 de Jeu de Rôle Magazine est donc le bienvenu. Fera-t-il regretter les magazines d'avant ?

 


J'avais soupçonné dans le numéro précédent l'utilisation d'images générées par l'IA : je ne pense pas que ce soit le cas dans ce numéro, qui utilise cependant nombre d'images de banques d'illustration. Sans doute est-ce dût à une situation financière compliquée (tout comme le prix du magazine)

L'éditorial revient encore une fois sur les cinquante ans du JdR en usant de forces acronymes sans les expliquer. Dès les premières pages, on comprend que le poste de relecteur a été supprimé depuis belle lurette chez JdR Mag (hum). On démarre ensuite avec les Notules Ludiques où sont évoquées les nouveautés à venir ou récemment sorties. C'est factuel, pas forcément complet (normal) et plutôt bien mis en forme. Ces pages richement illustrés sont suivies par des Billets d'humeur, forcément subjectifs, qui précèdent une rencontre avec Fabien Cerutti, plutôt intéressante (même si l'interviewé fait essentiellement son auto-promotion). 

Le jeu Sapa Inca est l'objet d'un banc d'essai, dont la conclusion est très positive, malgré une forte proportion de fantastique dans la proposition et un style qui semble alourdir le jeu. Suit un échange avec les auteurs de ce jeu, ou plutôt les éditions Odonata : les jeux déjà produits (Insectopia, par exemple) ou à venir de cet éditeur prennent une place notable dans l'entretien. Pour compléter le tout, un scénario est proposé : il est adapté aux débutants, ce qui est une vraie bonne idée, et est plutôt long (la marque de fabrique des scénarios de ce magazine, me semble-t-il).

Vient ensuite LA curiosité de ce numéro : deux pages non présentes dans le sommaire et imprimées à l'envers, contenant une pseudo-interview entre un MJ et l'aubergiste et les clients de la dite auberge. C'est amusant, mais totalement dispensable, si vous voulez mon avis. 

Un loooooong scénario Cyberpunk Red nous ramène au JdR. Des aides de jeu sont à télécharger pour cette aventure qui semble mêler investigation, infiltration et action. Suit un autre scénario (lui aussi pourvu en aide de jeu) pour Cthulhu Tenebris, énième déclinaison du Mythe, qui se déroule cette fois au IXème siècle, dans l'Empire Bulgare. A première vue, il m'a semblé très directif, voire scripté et nécessitera donc que le Gardien des Arcanes qui s'y colle soit bien préparé. 

C'est la rubrique Vous entrez dans une auberge qui vient ensuite et propose une aide de jeu relative aux "besoins" (sic) des personnages joueurs (et non joueurs). A mon sens, il s'agit là de deux pages gâchées qui auraient pu être remplies avec une véritable aide de jeu. 

La rubrique Inspirations se penche sur ide Clark Ashton Smith, avec un avis plutôt mitigé sur ces nouvelles de dark fantasy. Puis on a droit (encore !) à un article sur le cinquantenaire du jeu de rôle et le festival qui les célébra à Senlis en septembre dernier. L'article évoque les conférences qui y eurent lieu et traite de notre hobby, mais aussi des adaptations de licence, du traitement des épidémies et de l'univers lovecraftien (et j'en passe). Cela manque un peu de structure malgré une vraie sincérité dans le propos. C'est sans doute pour cela qu'on est dans la rubrique Aspirine

Vient ensuite un article sur la création du JdR, qui tient plus des réflexions personnelles de l'auteur que d'une recette pour réussir dans ce domaine, avant un article sur les PNJ émergents, c'est-à-dire ceux que le MJ doit improviser en cours de partie et qui peuvent prendre une importance notable plus tard. L'auteur donne quelques conseils qui tombent sous le sens, mais sont toujours bons à prendre. 

La suite de la rubrique Aspirine consiste en un article un peu provocateur qui fait le bilan du secteur économique rôludique et est titré "Le JdR est mort" : autant dire que cela augure du ton de l'article. Relayant un article sorti chez Monolith, il nous explique que les tarifs ont augmenté mais aussi que les retards se sont accumulés. L'ennui, avec cette vision, c'est qu'elle se présente essentiellement du point de vue du financement participatif, devenu omniprésent dans le milieu rôludique. A utiliser ce système à tort et à travers et en dépit du bon sens (et, accessoirement, du respect de ses contributeurs), c'est l'éclatement de la bulle qui menace, selon l'auteur. Cela rejoint en grande partie mes récentes récriminations au sujet du crowdfunding, cela dit. Quant à la mort du JdR, elle n'est pas pour tout de suite, je vous rassure : ce n'est pas un hobby basé sur des seuils de rentabilité, mais sur l'imaginaire. Il a survécu à la panique morale des années 80, aux cartes Magic et à Mireille Dumas : ce n'est pas la possible implosion (et encore, sans doute en mode "pétard mouillé") d'un modèle économique qui le mettra à mal. 

Je passe sur la rubrique Vous entrez dans une auberge de retour pour la dernière page et qui n'apporte rien d'autre qu'un sourire amusé, au mieux. Ce numéro était le dernier de mon abonnement. Lors de l'appel au secours lancé par sa rédaction pour en assurer la survie, j'avais souscrit pour quatre numéros.