mardi 31 décembre 2024

Bilan rôludique de 2024

Image : geeksleague.be

C'est le marronnier de cette période de l'année : mon bilan des parties de 2024. J'avais émis l'an dernier le souhait de jouer plus : mission accomplie, tant en nombre de parties qu'en nombre de jeux différents. Pourtant, cette année a été marquée, en ce qui me concerne, par un gros déménagement qui m'a mangé pas mal de temps de cerveau, aux dépens des activités (rô)ludiques (entre autres).

Le jeu le plus maîtrisé en 2024 fut encore une fois Maléfices, avec une campagne série longue maintenant de plus de quarante scénarios (vous avez eu droit à un aperçu de la mémorable troisième saison dans ces colonnes) : ce n'est pas près de s'arrêter car je compte emmener les personnages jusqu'à la fin de la Belle Epoque, lors d'un certain été de 1914. Je devrais donc maîtriser ce jeu jusqu'à la retraite. 

La saga Würm que je mène depuis quelques années a vu se terminer la deuxième saison de la Saga des Ailes Noires. L'épisode spécial de 2023, qui vit se rencontrer des PJ Hommes Longs et Hommes-Ours s'est installé dans la durée : les personnages ne comptent pas se séparer. Cela m'offre de belles ouvertures sur les prochaines saisons (l'arc de la troisième est déjà défini et j'ai quelques idées pour la quatrième saison). 

Si la mini-série Things from the Flood n'est pas arrivée à son terme (pour plein de raisons), j'ai démarré une saga Barbarians of Lemuria, pleine de fureur et de sang, qui a déjà rempli deux sessions (et un prologue pour chacun des joueurs) et la suite est prête. 

Pour ce qui fut de jouer en présentiel, ce fut avec Trucs Trop Bizarres (oui, encore !), dans le cadre des Mystères de Whitby, dont la troisième saison devrait bientôt se clôturer. Inutile de dire que nos personnages ont eu fort à faire : ce jeu n'est définitivement pas réservé à un jeune public. 

Voilà pour le jeu en présentiel : ce n'est déjà pas mal (une douzaine de sessions de jeu). Mais il y eut aussi du jeu en distanciel. J'ai en effet maîtrisé deux parties (ou plus exactement un prologue suivi d'un scénario) de Vaesen,. L'expérience fut positive et devrait donner lieu à une suite. D'ailleurs, j'ai un scénario en cours d'écriture, qui devrait (après avoir été joué) être mis en ligne dans ces colonnes. 

Mon activité de joueur en ligne a tourné autour de L'Anneau Unique, même si d'autres propositions sont dans les tuyaux. Plus ça va, moins j'aime la mécanique de ce jeu : je pourrais fortement tempérer l'enthousiasme dont j'avais fait preuve dans mon article consacré aux déclinaisons ludiques de la Terre du Milieu. 

Du côté des publications, j'ai mis en ligne quelques scénarios sur ce blog (tous regroupés sur cette page) et Trucs Trop Bizarres a vu sa gamme s'enrichir d'un septième numéro de Stranger Tales, qui m'a donné l'occasion de finaliser des scénarios restés depuis trop longtemps en chantier. J'espérais que certaines de mes contributions soient finalisées cette année, mais ce sera pour dans quelques mois : les contributeurs de la nouvelle édition de Te Deum pour un massacre ne sont plus à un délai près, l'éditeur n'étant pas très réactif (doux euphémisme).

L'année prochaine, si tout va bien, devrait me permettre d'ouvrir un peu plus les horizons ludiques : de nouveaux rôlistes : voilà ce que c'est, que de déménager dans un village ludiquement actif !

samedi 28 décembre 2024

Bilan rôliste 2024

Nous sommes dans les tous derniers jours de l'année et, comme il est d'usage à cette période, les bilans fleurissent ça et là. En complément de mon habituel bilan personnel, je me prête au petit challenge qui circule dans le milieu rôludique. N'hésitez pas à faire de même !



1- Le jeu qui clôt 2024 

Comme il est peu probable que j'improvise une partie d'ici le 31 décembre, c'est l'excellent Würm qui clôture cette année, comme raconté dans un récent billet

2-Le coup de cœur 2024

J'ai un léger retard pour ce coup de coeur, puisque j'avais ce jeu sur mes étagères depuis quelques années, mais mes premières parties de Barbarians of Lemuria ont emballé tout le monde autour de la table. 

3- Une personnalité du JdR à mettre en avant (podcast, éditeur, autrice...)

Houlà... c'est  comme l'an dernier, en ce qui concerne cette question. Il y a plein de gens formidables qui font un boulot du tonnerre, mûs par leur passion, mais en nommer un (ou une), ça m'est impossible. 

4- Une facette de votre pratique qui a évolué en 2024

L'an dernier, j'avais raconté que je me servais de plus en plus des échecs pour instiller de la tension, en tant que MJ. Cette année, j'ai constaté que mes scénarios étaient de moins en moins "écrits" (sauf lorsqu'ils doivent être publiés). Il s'agit le plus souvent d'une carte mentale et de notes, alors qu'il y a quelques années, c'était un document de plusieurs pages. 

5- Votre personnage de JdR ou PNJ préféré cette année 

Alors que nous avons basculé dans la deuxième moitié de la série Les Mystères de Whitby, Mike Beckman, le personnage de Trucs Trop Bizarres que j'y joue m'est de plus en plus attachant. 

6-  Le jeu qu'il vous faut absolument tester en 2025

Je l'avais prévu pour 2024, mais Blade Runner est sur la liste pour l'an prochain. 

7- Une série, roman, film ou jeu vidéo qui mérite un adaptation JdR 

Là aussi, j'avais joué mon joker l'an dernier. Mais, l'ayant lu ces derniers mois (et ayant rattrapé mon retard en dévorant la série qui l'adapta), je me demande si Mr Mercedes ne ferait pas une campagne intéressante... pour des joueurs ne connaissant pas le roman. 

A vous de jouer... et de répondre à ces questions !



vendredi 27 décembre 2024

La Saga des Ailes Noires (saison 2, épisode 7)

Enfin !      
Après des mois d'attente, nous avons pu jouer un nouvel épisode de la Saga des Ailes Noires, la campagne Würm que je mène depuis plusieurs années. Avec ce volet, se clôture la deuxième saison consacrée à ce formidable jeu : les Terres Ancestrales semblent ravir ma tablée et nous avons tous signé pour une troisième saison qui ne devrait plus tarder à démarrer. 

En attendant, vous pouvez lire le récit de ces aventures ici

A très bientôt !

jeudi 26 décembre 2024

Et de quatre !

Dix ans (environ) après son lancement, le quatrième tome du recueil de scénarios du Défi du Quarantenaire organisé par la Cour d'Obéron est disponible en ligne. Il couvre cette fois la décennie 2004-2013 et est téléchargeable gratuitement ici


Il sera sous peu disponible en impression à la demande (je relaierai l'information en temps voulu). Ce sera l'occasion de compléter votre collection, en attendant un hypothétique cinquième tome, le JdR étant devenu quinquagénaire depuis le lancement du Défi. 


mardi 24 décembre 2024

Un truc bizarre au pied du sapin

Surprise ! 

Les suppléments Stranger Tales pour Trucs Trop Bizarres (toujours en téléchargement libre) contiennent, en plus de scénarios, des propositions de contexte et de règles qui ont enrichi ce jeu et son univers. Pour fêter Noël et faire un petit cadeau, nous mettons en téléchargement libre le Compagnon TTB, qui reprend tous ces suppléments.



Vous pouvez le télécharger ici (en attendant sa version en impression à la demande). 

Très bon Noël à toutes et tous !

jeudi 19 décembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°32

Mine de rien, on s'approche de la fin de cette séance d'archéorôludisme casusienne, puisque j'avais annoncé que j'irai jusqu'au numéro 38, les autres numéros ayant déjà fait l'objet de chouettes recensions par d'autres intervenants.



Alors, quoi de neuf, dans ce numéro 32 du deuxième trimestre 1986 ? Les précédents regorgeaient déjà de nouvelles rubriques, témoignant de la créativité à fond les ballons de l'époque. Celle-ci ne se dément pas, même si le "format Casus" est dorénavant bien installé. C'est dans cet opus qu'on voit débarquer deux mascottes sorties de la plume du grand Roland Barthélémy : Joe Casus et Anabella Belli, présents à l'édito, au courrier, aux nouveautés et qui se baladent dans le magazine comme s'ils étaient chez eux (et d'ailleurs, ils sont chez eux).

Le magazine s'ouvre avec un compte-rendu du premier Salon des Jeux de Réflexion (au CNIT), annoncé dans le numéro précédent. On y apprend notamment que le record de la plus longue partie de JdR a été battu, et que c'est Rêve de Dragon qui servit de support à ce record. Un Tableau d'honneur liste les meilleurs joueurs et MJ (cela dut être très subjectif), ainsi que les vainqueurs des tournois de wargames. Viennent ensuite les colonnes consacrées aux manifestations à venir et aux clubs, ainsi qu'un article de Duccio Vitale, râlant au sujet de l'organisation des tournois de wargames. 

L'actualité de ce numéro est essentiellement la traduction du Manuel des Joueurs d'AD&D,  qui a droit à un encadré (c'est dire qu'il s'agissait d'un événement) derrière lequel on peut signaler d'autres arrivées notables, comme Paranoïa, Empires et Dynasties ou l'arrivée d'Hexagonal qui annonce la traduction de quelques jeux FGU, dont Flashing Blades (qui deviendra Les trois mousquetaires), Bushido (qui gardera son titre) ou Space Opera (qui ne sera finalement jamais traduit). 
Dans la rubrique consacrée aux magazines, sont évoqués des grands classiques comme Dragon ou White Dwarf, mais aussi le numéro 3 de Dragon Radieux, qui se professionnalise doucement.

Vient ensuite une courte interview de Steve Jackson (l'anglais, pas l'américain) et Ian Livingstone, les fondateurs de Games Workshop, clamant haut et fort que D&D est leur jeu préféré, puis la rubrique What's your game, qui grouille d'informations sur le jeu outre-Manche et déplore que les médias s'en prennent encore au jeu de rôle. Cela ne fait pourtant que commencer. 

La rubrique Inspi évoque quelques BD notables, puis parle de film, avec deux coups de cœur cinéma  : Highlander, qui a droit à une page complète et... Out of Africa (oui, le rôliste a un cœur !). Pour les bouquins, on est servis : deux pages complètes de recommandations, qui n'ont pas toutes marqué les mémoires, puis la suite du panorama de la fantasy, qui évoque enfin Le Seigneur des Anneaux.

Dans les Têtes d'Affiche, il y a pléthore de belles sorties : La Compagnie des Glaces (chez Jeux Actuels), Bitume, en auto-édition par Croc (qui a droit à sa photo). Un article met ensuite en parallèle l'incontournable AD&D et L'Œil Noir : l'issue du match (joué d'avance, à l'époque) conclut que l'Œil Noir est tout indiqué pour débuter dans le JdR mais mérite plus que cela, tandis qu'AD&D est un parfait deuxième jeu. Avec le recul, on se rend compte que le JdR teuton n'a jamais vraiment fait d'ombre à l'éléphant dans la pièce. 
Les pages suivantes contiennent un article emphatique sur Rêve de Dragon, qui n'hésite cependant pas à rappeler la complexité de ses règles (ah, l'Indice de Sustentation !). La Gazette galactique propose une aide de jeu pour MEGA (dont la deuxième édition sortira fin avril) consacrée aux armes et au transit, ainsi qu'un min-scénario du regretté Pierre Lejoyeux. 

Le pont fortifié est le nouvel opus de la rubrique Bâtisses et Artifices, et offre plusieurs pistes de scénarios, suivi juste après part les créatures de Devine qui vient dîner ce soir, proposées par des lecteurs. L'article suivant est plutôt rigolo et s'interroge (sur le ton de l'humour) sur l'affolante mortalité des monstres dans les donjons. Comment se fait-il qu'il reste des monstres (la réponse en image, ci-dessous) ?



Le Dis Monsieur de ce numéro est consacré à Régis Loisel (excusez du peu), avec le Givrain Noir, puis ce sont les scénarios : Rêves de la Lune Bleue pour Rêve de Dragon (par Denis Gerfaud lui-même), Les prisonniers du Destin, pour AD&D/D&D (mais le MD devra se débrouiller pour la partie technique de ce scénario entre deux itérations), puis une aventure solo, romantique et mystérieuse. 

L'Enfer du décor (la BD du numéro) évoque sur deux pages la semaine d'un MJ, puis la rubrique Sur un plateau décortique Junta (un de ces jeux où on peut perdre des potes), avant de laisser la place à la Ludotique, suivie par la rubrique (toute neuve) Métalliques, consacrée aux figurines Citadel exploitant la licence du Seigneur des Anneaux

La rubrique wargames est plus maigre qu'à l'accoutumée, mais propose tout de même un scénario pour Empire, un article sur Opération Market Garden (un jeu en double aveugle consacré à la bataille d'Arnhem en 1944), un article-cri du cœur en faveur du jeu de guerre, puis un nouvel article consacré à Air Force, agrémenté des caractéristiques d'un avion français, dont nombre de lecteurs apprirent sans doute le nom dans ces pages : le Dewoitine D520. Cette partie se conclut par un scénario (simple) pour Squad Leader. 

Et le magazine se conclut avec une nouvelle (més)aventure de Kroc-le-bô : mine de rien, ce personnage est devenu un classique instantané. 

A très bientôt pour une nouvelle séance nostalgique !

mardi 17 décembre 2024

Nouvelles du fond

Entre deux retours dans le passé rôludique, voici un petit flash infos : 

- Celles et ceux que l'arrêt prochain de la gamme Würm laisse pleins de désarroi peuvent se consoler avec le premier roman de l'ami Emmanuel Roudier, Panthère Pâle, qui prend place dans l'univers du jeu. Nul doute qu'il regorge d'inspirations pour de futures aventures. C'est en vente sur un certain site en ligne ou directement auprès de l'auteur (et, dans ce cas, il est possible de se faire dédicacer son livre, ce qui est un peu classieux, non ?).

- Si vous avez envie de vous offrir un livre en impression à la demande (je songe notamment à un certain JdR amateur), une promo Lulu vous permettra d'économiser 15 %. Le code promotionnel à saisir est FESTIVITY15 et expire dans quelques jours. On se dépêche !

- Si vous avez contribué au sauvetage de Jeu de Rôle Magazine (il reste de la presse rôludique en Fance, pour...combien de temps encore ?), le numéro 66 devrait être disponible dans votre "butin numérique". J'ai bien dit "devrait". 

- Chez Arkhane Asylum Publishing, l'éditeur au gros catalogue, il est possible de commander le livre de base de Blade Runner, ainsi que la boîte de Twilight 2000, ainsi que de précommander l'adaptation rôludique de The Walking Dead. Rien de neuf du côté de Maléfices, par contre...

A bientôt !

dimanche 15 décembre 2024

Mystères à Whitby, épisode 10, deuxième partie

La très belle série Trucs Trop Bizarres à laquelle je participe en tant que joueur, Les Mystères de Whitby, a connu tout récemment un nouvel épisode prolongeant le précédent. De fait, la troisième saison comprendra cinq épisodes au lieu des quatre habituels. Le récit de ce deuxième dixième épisode (ça va, vous suivez ?) est disponible ici, tout comme un bref récit de ce qui est arrivé à Mike, le personnage que j'incarne, entre les deux parties de ce volet. 

J'ai coutume de dire que les gens heureux n'ont pas d'histoire : ce bon vieux Mike est en pleine tourmente, comme vous le verrez en lisant ce journal. Ce document fera l'objet d'une compilation (c'est en cours) que je publierai à la fin de la série. Cela pourra peut-être inspirer des Meneurs de Jeu. En tout cas, une chose est sûre : cette série aura été l'une des plus intenses que j'ai pu jouer et aura prouvé que Trucs Trop Bizarres, qui visait initialement un public de jeunes joueurs, peut satisfaire de vieux routards du JdR !

 A bientôt, du côté de Whitby !

mercredi 11 décembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°31

Repartons au premier trimestre 1986 pour passer en revue le numéro 31 de Casus Belli. Avec ce numéro, Casus Belli devient le "premier magazine des jeux de simulation", alors qu'il était jusqu'à présent "le magazine des jeux de simulation". La subtilité m'était passée au-dessus de la tête à l'époque : c'est à cette période que les titres fleurissent, dans la presse "pro". Dragon Radieux sort alors sont numéro 2,  après un premier opus "artisanal". Ce numéro 31 marque aussi la fin des "dos carrés" de Casus Belli, qui adopte alors une reliure agrafée. 

Illustration personnelle

Dans l'édito et le calendrier, il est fait mention du CNIT (pour Centre des nouvelles industries et technologies, qui hébergeait à l'époque nombre de salons divers) où se va se dérouler le premier salon des jeux de réflexion ou la deuxième convention des jeux de simulation. Notre hobby s'ouvre au grand public (les "touristes" de l'édito). Il faut dire que ça fourmille, tant du côté des manifestations que des clubs. Et que dire des nouveautés annoncées ? Ce qui est marquant à l'époque est aussi la profusion de magazines qui sortent : 

Une interview de Jean-Pierre Pécau (auteur de L'Ultime Epreuve et La Compagnie des Glaces) dont apprend qu'il déteste Tolkien et qu'il se réjouit de la panique morale qui sévit de l'autre côté de l'Atlantique, parce que ça pourrait faire connaître le JdR au grand public (hum). Mais c'est la rubrique Inspirations, et en particulier l'inspi-bouquin qui put attirer pas mal d'attentions : une rétrospective "Toute la Fantasy" y occupe...une page et demie, mais représente une belle synthèse des classiques du genre, par Roland C. Wagner. 

C'est ensuite les Têtes d'Affiche qui évoquent des jeux comme Sherlock Holmes Detective Conseil, l'énigmatique Sandman ou le très étrange Nil, que Pierre Rosenthal peine à classer entre JdR, wargame et jeu de simulation (on apprend d'ailleurs qu'il existe une ligne téléphonique ouverte 24 heures sur 24 pour répondre aux questions soulevées par ce jeu !).

La rubrique Sur un Plateau déboule ensuite avec deux pages consacrés à Baston (qui mériterait une ré-édition, si vous voulez mon avis), le "jeu qui craint". Là aussi, c'est toute une époque...

Deux aventures en solo suivent, l'une pour l'Œil Noir, l'autre purement textuelle et s'aventurant sur la thématique du polar noir. C'est aussi dans ce numéro qu'est propos un concours d'écriture d'aventure solo, justement.
Deux modules/scénarios occupent la section dédiée de ce magazine avec les deux incontournables de la catégorie (à l'époque) : AD&D (avec La compagnie du bout du monde, par Denis Beck, qui va devenir un des piliers de cette rubrique) et L'Appel de Cthulhu, avec Le léopard et le vent. 

La rubrique Bâtisses et Artifices présente la teinturerie, en en faisant le décor d'un scénario pour deux personnages, sans choisir un système. Evidemment, on pense avant tout à AD&D, mais d'autres propositions sont suggérées, telles que l'Œil Noir ou l'Ultime Epreuve. Comme on le voit, c'est donc bien plus que deux scénarios que contient ce numéro. 

Juste après Devine qui vient dîner ce soir, Casus Belli inaugure la rubrique "Dessine moi un monstre" permet à Cabanes de nous offrir la racleuse des vignes. Dans les numéros suivants, de grands noms de la BD viendront proposer au lectorat casusien des créatures sorties de leur imagination : sur la base de l'illustration proposé par l'artiste, les rédacteurs de Casus viendront mettre un peu de JdR, prouvant une nouvelle fois l'effervescence créatrice de l'époque (mais je suis sans doute nostalgique).

Après une page d'objets magiques (la rubrique Barditurique), on assiste, mine de rien aux premiers pas d'un futur monument du JdR. En effet, L'enfer du décor propose une BD de Chevalier et Ségur, mettant en scène un héros qui va bientôt aoir une place à part : c'est la première fois qu'on rencontre le légendaire Kroc-le-bô.

Illustration personnelle

Le sympathique souffre-douleur laisse la place à la Ludotique avec deux pages consacrées à un événement (décidément !) : Ultima IV. Ce "jeu de rôle" sur Apple présentait un prix prohibitif à l'époque avec ses quatre faces de disquette et ses graphismes qui feraient hurler de rire n'importe quel gosse d'aujourd'hui, mais nous fûmes nombreux à saliver devant ce qui était à l'époque une prouesse technique. 
Juste après, la partie wargame du magazine propose des articles sur Air Force, puis Fall of France qui évoque la défaite de 1940 et se permet d'illustrer son propos avec une photo de la Wermacht défilant sur les Champs-Elysées (ce qui fut longtemps un sujet sensible). 

Avant de refermer ce numéro extrêmement riche, nous avons droit à une nouvelle page de BD consacrée à Kroc-le-bô. Combien d'entre nous se souviennent de la réplique "Jeu troll ?" ? 

Illustration personnelle

Enfin, ce numéro propose un poster (vous savez, le truc en papier qu'on pouvait punaiser dans nos chambres d'ado), de Florence Magnin. La classe, non ?

A très bientôt pour la suite de ce retour vers le passé rôludique !



mercredi 4 décembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°30

Continuons le voyage dans le temps avec les vieux numéros de Casus Belli, dans sa première incarnation. En décembre 1985, paraît le numéro 30 du magazine. La couverture en est signée de Thierry Ségur, qui devient un des pinceaux récurrents du magazine.  

Illustration personnelle

Les 70 pages de cet opus sont bien remplies et suivent maintenant une formule bien installée, où les nouveautés se font une place tout doucement : ce numéro 30 voit arriver une Tribune, la rubrique Bâtisses et Artifices, ainsi que la moins convaincante Une journée à la rédaction.

C'est le calendrier des manifestations à venir et le compte-rendu de celles passées qui ouvre le journal, suivi par les Nouveautés, qui n'annonce pas grand chose, le numéro 29 et le 30 se suivant de très peu (ça arrivait, autrefois !). Après les colonnes consacrées aux clubs, vient la Tribune annoncée en exergue. Elle est écrite par François Nedelec qui évoque la croisade de certains parents américains contre le JdR et plus précisément D&D, qu'il n'épargne pas, étrillant son poids majeur dans le paysage rôludique de l'époque et sa tendance à y favoriser le combat. 

Vient ensuite What's your Game ?, la rubrique consacrée au JdR d'outre-Manche, où Graham Staplehurst et de Trevor Mendham évoquent le Games Day, la plus grande convention de jeu du monde (sic !), où se mêlent infos et potins. La rubrique Inspirations est réduite dans ce numéro, mais évoque tout de même le roman Hrolf Kraki, que nombre d'entre nous découvrirent à cette occasion, je crois. Puis vient une page de Denis Gerfaud censée être une interview mais qui adopte un style fantaisiste (voire expérimental).

Les Têtes d'Affiches épluchent des sorties comme Oriental Adventures, L'Oeil Noir ou Star Frontiers, excusez du peu, avant de laisser place à un article sur les jeux de l'apocalypse. Non, le fameux courant PbtA n'est pas encore né (ni même imaginé) : il s'agit de la partie wargames du magazine, avec des critiques de plusieurs jeux (The third World War, Peter The Great), des aides de jeux (pour Amirauté) et à un index des wargames qui furent l'objet d'articles dans les numéros précédents. Deux scénarios Squad Leader sont également proposés, avant un article sur Conquête Stellaire, un jeu de colonisation stellaire, édité par Avalon Hill (qui annonce des parties de 4 à 6 heures).

Il est à noter que ce numéro, comme plusieurs autres, proposait carrément un wargame en encart (1812), avec sa règle, sa carte et ses pions (à découper) : je ne suis pas sûr qu'on ait bien mesuré, à l'époque, la qualité de l'offre. A la même période, d'ailleurs, le vénérable Jeux & Stratégie proposait souvent des jeux complets en encart et ceux-ci avaient un véritable intérêt. 

Vient ensuite la Ludotique, qui décrit es jeux sorits sur Apple, Amstrad CPC 464 ou MO5 : vous souvenez-vous de ces micro-ordinateurs ? Une dernière minute évoque la sortie d'Ultima IV, fortement conseillé, pour lequel il faut...64 kilo-octets sous le capot de son Apple pour jouer (bigre !). 

La rubrique Devine qui vient dîner propose quelques objets magiques qui ont pu gâcher l'existence de quelques personnages. J'avoue que je me souviens surtout de l'illustration (de saison) qui les accompagnait, signée de D. Guiserix. 


Illustration personnelle

Vient ensuite La Cage aux Fioles (qui propose quelques potions plus amusantes qu'efficaces) et L'apologie du Paladinat, une nouvelle d'ambiance, dirons-nous, avant la BD en deux pages Une journée à la rédaction annoncée plus haut. 

Un article consacré à The Morrow Project détaille notamment les règles consacrées aux armes à feu dans ce jeu post-apocalytique extrêmement réaliste. Enthousiaste, l'auteur attend avec impatience les suppléments à venir pour ce jeu édité par Timeine et publié sous licence par Flying Buffalo. 
C'est dans ce numéro qu'on inaugure la rubrique Bâtisses et Artifices, avec la description d'une ferme fortifiée, plutôt bien vue (même si l'auberge décrite dans le précédent numéro aurait pu être le premier opus de la dite rubrique). C'est d'un de ses plus beaux opus (à mon sens), réaliste et inspirant : les propositions de scénarios m'avaient donné quelques idées que j'exploitai plus tard. Puis, c'est la description d'Hidekura, une cité médiévale japonaise, qui forme également une très chouette aide de jeu. 

Ce numéro propose trois scénarios :  Le Mystère Egyptien pour Maléfices, La forêt des Sentinelles Mortes pour Rêve de Dragon et Une histoire de fous pour AD&D.Le Mystère Egyptien fait partie des classiques de Maléfices. Cependant, on ton et son inspiration sont plus à chercher dans la veine "Adèle Blanc-Sec" et il peut ne pas séduire toutes les tablées. L'ayant fait (re)jouer il y a quelques années, je lui avais donné une suite qui donna quelques sueurs froides à mes joueurs. 

En (re)lisant les deux autres scénarios, j'ai pu mesurer leur qualité, aussi classiques puissent-ils paraître aujourd'hui. Accessoirement, les scénarios publiés dans Casus Belli, à cette époque ont forgé en grande partie ma façon de concevoir les miens. 

Terminons cette recension avec une annonce, glissée entre deux de ces scénarios, et qui propose la créations d'un fichier national des joueurs de jeu de rôle. Cela fera sans doute sourire celles et ceux qui, aujourd'hui, utilisent d'autres outils (réseaux sociaux et plates-formes dédiées) pour se trouver et partager des moments ludiques. 


Illustration personnelle

A bientôt pour un autre voyage en nostalgie rôludique !

Nouvelles du fond

Il n'y a pas que l'archéorôludisme, sur ce blog. De temps en temps, je remonte quelques nouvelles intéressantes sur notre hobby. En voici une tournée.

- Les prochains suppléments pour Würm seront hélas les derniers pour cette gamme. Même si un jeu de rôle ne meurt jamais, c'est toujours triste et, dans le cas de ce jeu qui m'est cher, étonnant d'arrêter une si chouette gamme. Black Book Editions nous proposera donc bientôt, en financement participatif (évidemment) une boîte de découverte (oui, c'est étrange) et un supplément permettant d'ouvrir de nouvelles façons de jouer à Würm (en y intégrant des complots, en ne jouant qu'avec un seul joueur ou en jouant des loups, c'est dire la variété de la proposition). Tout cela arrivera en début d'année. 

- Toujours chez BBE, le livre de base de Chroniques Oubliées Fantasy est disponible gratuitement en pdf. Sans doute est-ce un cadeau de Noël avant l'heure, ou une façon de relancer une gamme.

- Chez BBE toujours, le prochain supplément Cats ! La Mascarade sera incessamment en financement participatif et aura pour théâtre des opérations les USA. Et juste après, ce jeu (dont le destin ne cesse de m'étonner) sera traduit en anglais et la campagne de financement sera cette fois portée sur Kickstarter. 

- Concluons avec une news qui aura peut-être un impact sur les foulancements à venir : les plates-formes Ulule et KissKissBankBank vont fusionner et ne plus former qu'une seule structure. En réalité, la première acquiert la seconde (qui appartenait à la Banque Postale, en déficit, ceci expliquant sans doute l'opération) J'ai l'impression que l'une de ces deux entreprises va perdre un peu de son âme, mais après tout, je ne me sens pas vraiment concerné

A bientôt pour d'autres nouvelles rôludiques !

jeudi 28 novembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°29

L'exploration des archives semblant trouver son public, je continue la recension des vieux numéros de Casus Belli. L'idée initiale était de combler le "trou" entre les billets d'Anniceris et les posts de Vociferator sur CasusNo : j'arrêterai probablement ce type d'article au numéro 37, le devoir de mémoire ayant été remarquablement assuré par d'autres. 

Illustration personnelle


Le numéro 29 de Casus Belli est sorti en novembre 1985. Derrière une couverture de Patrick Dermuth, il nous offre 80 pages consacrées au jeu de simulation. Ce sont les incontournables Nouvelles du Front qui ouvrent le bal, avec d'abord le calendrier des manifestations passées et à venir. Une petite brève signale le record du monde de la plus longue partie d'AD&D, avec 61 heures et 39 minutes. Ce record (décroché par des joueurs belges) a-t-il été battu depuis ?

Dans des colonnes, proches, le résultat du CB Echo donne une cartographie intéressante des lecteurs de Casus Belli de l'époque et, par extension, de la population rôludique de ces années. C'est ainsi qu'on découvre que 90 % des joueurs ont entre 13 et 24 ans et que 63 % joue depuis plus de deux ans et ce, une ou deux fois par semaine !

Dans les nouveautés annoncées, on relève l'arrivée d'Oriental Adventure (sic) et de Jorune ainsi, au rayon des magazines, celui du Bimestriel des Terres Médianes et du Drame de la Rue des Récollets, ainsi que de L'énigmatique Carnet du Capitaine Pop Plinn, tandis que le premier numéro de Dragon Radieux est classé dans la catégorie Zines

La très utile rubrique Inspirations délivre sa livraison de conseils littéraires, ainsi qu'une interview de Michel Jeury. Suit une autre interview (plus écrite et fantaisiste) du président d'un club de jeu (l'A.J.T.), pas forcément indispensable, avant les têtes d'affiche qui se penchent sur (excusez du peu) les règles "expert" de D&D, SpaceMaster, Flashing Blades et Judge Dredd, entre autres. Encore une belle cuvée, non ?

Vient ensuite la partie "wargame" du magazine sur laquelle je passe vite : y sont évoqués Opération Crusader,  et Marita Merkur (de la série Europa), à réserver aux passionnés de la deuxième Guerre Mondiale. Puis viennent NATO et Red Storm, qui se penchent sur un éventuel troisième conflit planétaire, le premier étant plus réaliste que le second. Notons qu'à l'époque, les eighties encensées par toute une génération, cela n'avait rien d'improbable. Les deux blocs se faisaient encore face, à grand renfort de gros missiles. 

Après la rubrique Ludotique, qui évoquent des jeux pour ZX Spectrum, Apple II, Commodore 64 et Atari (eh oui), un article revient sur Battle System et Warhammer, qui n'est encore qu'une règle de batailles avec figurines. Dans cet article, on trouve aussi un inventaire d'autres règles destinées à simuler ces combats : le cordon ombilical entre wargame et jeu de rôle n'est pas encore coupé. 

Après une petite BD (que j'ai toujours compris comme un private joke casusien), on retrouve la rubrique Devine qui vient dîner ce soir, avec un dessinateur qui fera date : Thierry Ségur. 

Illustration personnelle

Après une petite nouvelle (signée Amédée Adifas), et comme annoncé en couverture, ce numéro présente une nouvelle classe de personnage : la courtisane, avec une illustration de Didier Guiserix qui vaudrait aujourd'hui une volée de bois vert (ou une flamewar, soyons modernes) au magazine... quoique. Avec le recul, il est vrai qu'on peut se questionner sur la pertinence de pareille proposition. Le public rôludique de l'époque était surtout masculin et d'un âge où l'on a plus d'hormones que de neurones...

Vient ensuite la description d'une auberge (Le gastéropode hystérique), agrémentée de quelques astuces d'aménagements (sur les cheminées et les escaliers, notamment). Cette mise en bouche laisse ensuite place à un long et bel article sur Pendragon par Denis Gerfaud (oui, le créateur de Rêve de Dragon), avec une petite interview du grand Greg Stafford. Inutile de dire que ces pages ont une vraie valeur patrimoniale. 

L'article suivant décrit la gamme James Bond 007, alors que sortait sur les écrans A view to a kill (attention, ce lien va vous faire voyager dans le temps), et que le jeu n'avait pas encore été traduit dans le langue de la DGSE. Très complet, il propose aussi une aide de jeu, avec les caractéristiques d'un véhicule (la Range Rover) et des tables de conversion des unités anglosaxonnes en celles du Système International. 

Au rayon des scénarios, on en trouve trois : Pacifiquement Vôtre pour James Bond, L'acrobate pour Rêve de Dragon (par Denis Gerfaud et illustré par Thierry Ségur) et naturellement un module pour AD&D, Le trésor de Trakanne. Le scénario JB007 (de Michel Serrat, l'auteur de l'article qui le précède) est annoncé comme pouvant faire suite à Bons Baisers de l'Enfer, publié dans le numéro 23. 

Ces trois scénarios m'ont laissé le souvenir d'une très grande qualité, même si je ne me rappelle pas les avoir joués ni fait jouer (le JB007 m'avait tenté, après avoir fait jouer Bons Baisers de l'Enfer) : c'était du beau matériel de jeu, qui mériterait d'être exhumé, je crois. 

Ce beau numéro se conclut par une pleine page de publicité pour un jeu qui sent le soufre. Je ne résiste pas à la tentation et partage cette illustration. 

Illustration personnelle


A bientôt pour la suite de cette exploration temporelle !

samedi 23 novembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°28

Continuons le voyage dans le temps : c'est aujourd'hui le numéro 28 de Casus Belli (première génération) qui a droit à son coup de projecteur. Prêts à retourner en octobre 1985 ?




Longtemps, j'ai considéré cette couverture comme une des plus vilaines produites par ce magazine. Cela ne reflète que mon appréciation personnelle, cela dit. Passons rapidement sur les pages de publicité (dont une pour l'Œuf Cube, qui donne un aperçu de l'offre rôludique de l'époque) avant d'enchaîner sur les Nouvelles du Front. Entre les conventions passées ou à venir et les sorties de jeux, elles occupaient une dizaine de pages. C'est dire si on assistait à un bouillonnement. 
Que retenir de ces nouvelles de l'époque ? Plusieurs futurs poids lourds du JdR français (Rêve de Dragon et Maléfices, pour ne citer qu'eux) ou étrangers (Flashing Blades, Toon, par exemple) sortent à ce moment, tandis qu'est annoncée la traduction prochaine de l'Œil Noir. Sacrée cuvée, non ?

Et ce n'est pas fini, parce sont aussi évoqués le dernier supplément AD&D, un certain Unearthed Arcana, qu'André Foussat considère comme destiné aux Gros Bills (le terme est déjà dans le langage courant) ou le premier Conan RPG, édité chez TSR. Notons aussi une belle rubrique Inspirations. Y sont notamment évoqués quelques romans devenus des classiques de la fantasy : Terremer et Le Jardin de Suldrun. 
Les wargamers ont ensuite droit à un long article sur Western Desert, nouveau volet de la série Europa chez GDW, ainsi que Near East, chez le même éditeur. Puis vient un scénario Squad Leader (alors qu'Advanced Squad Leader était annoncé dans les Nouvelles du Front), puis un article sur Alésia, un wargame d'Avalon Hill traduit en français chez Jeux Descartes (la maison-mère de Casus Belli) et Narvik, un scénario pour Amirauté, suivi par une aide de jeu pour Empire. 

Illustration escalajeux.fr

Autre catégorie de jeu : Super Gang est décrit et critiqué (en bien, voire très bien) par Pierre Cléquin dans l'article qui suit. Ce jeu aura fait ses preuves dans pas mal de tournoi et, à l'époque, était édité par l'ADJS, soit l'Association pour le Développement du Jeu de Société (avant de se faire éditer par Ludodélire).
La rubrique Ludotique évoque des jeux variés portés sur des ordinateurs aujourd'hui oubliés : qui se souvient du Dr Genius, sur Oric ?). Là aussi, c'est l'occasion de croquer la madeleine. 

Une petite BD de deux pages permet de marquer une pause avant d'attaquer la partie JdR du magazine et Devine qui vient dîner ce soir (et autres curiosités incroyables) et ses monstres souvent amusants, parfois oubliables. Un article de Pierre Rosenthal consacré à la musique des Orcs (très basée sur les percussions) précède une aide de jeu destinée à la justice. Là aussi, c'est anecdotique, mais plaisant. 

L'épreuve du feu devient à l'époque la rubrique où sont testées les nouveautés ludiques et, sur ce numéro, ce sont deux poids lourds rôludiques qui la subissent : Maléfices et Paranoïa, dans leur toute première édition. Pour le premier, l'article est sur le ton d'un récit, suivi par une interview des deux auteurs. Notons qu'à l'époque, on apprend que des suppléments sur d'autres pays que la France sont prévus... mais ne verront jamais le jour. 
La présentation de Paranoïa (chez West End Games) est plus factuelle et technique, mais très positive aussi. 

Côté scénarios, nous sommes gâtés par la proposition de ce numéro. Il y en a pour MERP (avec Les Epées d'Arthedain), pour Chill (La Malédiction de la maison Ashdale, une histoire de maison hantée, par Martin Latallo) et aussi une étrange expérimentation avec Du soufflé au faux mage, qui était proposé pour MEGA et AD&D.

Le scénario MERP (à l'époque, il n'avait pas encore été traduit en JRTM) Les épées d'Arthedain ne m'avait pas trop séduit à l'époque : il y est en effet question d'un étrange métal tombé du ciel et particulièrement maléfique, de Moria et de Fornost. C'est plutôt amusant, finalement : la série Les Anneaux de Pouvoir (vous savez, la fan fiction la plus chère du monde) se permet bien plus aujourd'hui, en matière d'écarts au canon. 

Ce numéro se conclut sur une publicité pour Rêve de Dragon, alors édité par la NEF. 


mercredi 20 novembre 2024

Trucs Trop Bizarres : les scénarios

Entre deux recensions nostalgiques et pour faire suite à la parution du septième Stranger Tales, voici un la liste de tous les scénarios publiés pour Trucs Trop Bizarres avec, pour chacun leur "lieu" de publication. Je crois pouvoir dire qu'on a atteint, avec le temps, une certaine masse critique... et gratuite (et non, ce n'est pas parce que c'est gratuit que c'est vous le produit, pour une fois). Vous n'avez plus qu'à cliquer sur les liens pour compléter votre collection :

  • Stranger Tales 2
    • Going Underground
    • Neighborhood Threat
    • I know there’s something going on

La majeure partie de ces scénarios ont été publiés dans Stranger Tales, le supplément officiel de Trucs Trop Bizarres. Il existe quelques exceptions : Do they know it's Christmas et Cold as ice sont scénarios de Noël, un peu à part, qui furent hébergés sur le forum de la Cour d'Obéron, dans une version disparue corps et bien. Je profite donc de ce billet pour les remettre à disposition. Quant à Flash in the night, paru dans le numéro 4 d'Architeuthis magazine, il aurait du être mis en téléchargement libre en même temps que ce numéro. Je prends donc sur moi de le publier en ligne. 

Rendez-vous à Whitby ! 


samedi 16 novembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°27

Comme annoncé, voici une nouvelle plongée dans les archives de la presse rôludique française. Ce numéro 27 de Casus Belli (juillet 1985) a pour moi une saveur particulière puisqu'il fut le premier de mon premier abonnement, ma première dose en quelque sorte. Quand arriva dans le courrier ce numéro d'une étrange revue à la reliure en dos carré (une particularité qui durera encore quelques années sur Casus Belli), j'entrai à l'époque dans un nouveau territoire. 

Illustration personnelle

Au milieu des Nouvelles du Front (qui font la part belle aux conventions et aux clubs) on remarque un encadré signé de Didier Guiserix, qui remet les choses au point à propos des rapports entre Casus Belli et Runes. Aussi petit soit-il à cette époque, le milieu rôludique n'était pas épargné par les querelles de clochers et les rumeurs. 

Qu'apprend-on dans ces Nouvelles du Front ? Eh bien, que le nouveau jeu de Chaosium, écrit par Greg Stafford, pourrait bien marquer un tournant, avec ses règles simples, ses traits de personnalités et ses valeurs : Pendragon arrive ! Il y a encore pas mal de wargames dans cette rubrique, mais aussi l'arrivée de JdR de plus en plus variés. Pour l'anecdote, est annoncé, chez FASA, la sortie d'un "jeu de fantaisie (sic !) tiré d'une série vedette de télévision britannique" : Doctor Who (dans sa première incarnation rôludique) était "à classer à mi-chemin entre la SF et les supers-héros" (re-sic !). Notons aussi, sur un quart de colonne, l'éphémère rubrique Télégrammes, qui annonce la sortie de quelques jeux, donc Le gang des Traction Avant et Battle System, le jeu de batailles avec figurines compatible avec AD&D.

Les rubriques Librairie  et Inspirations continuent d'être alimentées : on ne m'ôtera pas de l'idée qu'elles ont permis de garnir pas mal de bibliothèques chez les jeunes rôlistes de l'époque. 


C'est un spécial scénarios que ce numéro 26 : imaginez un peu le néophyte qui ouvre ces pages et découvre de drôles d'histoires dans des environnements très variés.
La part consacrée aux wargames s'est fortement contractée, si on compare avec le numéro précédent. Mais ils ont eux aussi droit à leur livraison de scénarios : deux pour le mastodonte Squad Leader, autant pour Panzerblitz/Panzerleader, un pour Cry Havoc, un (solitaire) pour Car Wars et un pour Baston.

La curiosité du numéro est Sang Froid  : un programme en Basic à entrer soi-même sur son ordinateur personnel pour jouer les chasseurs de vampire. J'avoue n'avoir pas fait l'effort de saisir les trois pages de code, mais si quelqu'un l'a fait, je suis preneur de son retour d'expérience. 

En matière de scénarios de JdR (ou de modules, puisque ce vocable est encore employé), l'offre est représentative de l'époque : Scratch sur Aquima pour Empire Galactique, La mine des Iroquois pour Aftermath, Vaisseau Fantôme pour Traveller, Un tigre dans la malle pour L'Appel de Cthulhu, Le Bon, la Brute et les Brigands pour Légendes Celtiques, Le Temple de Syth, Le Maître du Néant et Némésus ou le portrait du Diable pour AD&D. Notons au passage que le scénario pour Empire Galactique est doté d'une illustration de Rolland Barthélémy, qu'on retrouvera sur pas mal de jeux. A ma connaissance, c'est sa première collaboration avec Casus Belli. 

Illustration personnelle

Quelques-uns de ces scénarios sont tombés dans l'oubli, tandis que d'autres ont marqué leur époque. En ce qui me concerne, Un tigre dans la malle m'avait impressionné, malgré une culture lovecraftienne à l'époque lacunaire. Qui sait si, un jour, je n'enverrai pas mes joueurs aux Indes, pour une grosse séquence de nostalgie. 

Comme je le disais en exergue, ce numéro a une saveur toute particulière pour moi. A l'époque, je ne connaissais pas la moitié des jeux de rôle dont il était question et ne pratiquais aucun de ceux-ci. Mais le sentiment d'un monde plein de possibilités était là, devant moi. Je gage qu'à cette époque, nous fûmes nombreux à ouvrir la porte de ce monde. 

mardi 12 novembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°26

J'ai récemment dit tout le bien que je pensais des recensions de vieux numéros de Casus Belli (première génération) faites sur la toile, dans cet article. En constatant que quelques vieux numéros avaient échappé à cette opération de salut public, je mes suis également fait la réflexion que ces opus étaient pile-poil dans la période où j'ai découvert le jeu de rôle (et donc Casus Belli). Je prends donc l'initiative de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur et d'évoquer un temps que les moins de vingt trente ans ne peuvent pas connaître. 

Illustration personnelle

Le numéro 26 de Casus Belli, épais d'une petite quarantaine de pages, est paru en juin 1985. En jetant un œil à l'ours, on se rend compte que quelques-uns des piliers du journal en composent l'équipe (réduite) et que certains noms ne sont pas encore apparus. Ce sera pour peu après. 

Le sommaire est également révélateur de l'époque : le wargame tient encore une place importante dans le magazine et on parle de modules, plutôt que de scénarios pour la partie jeu de rôle. Face à ce sommaire, une pleine page de publicité de l'éditeur Rexton nous présente Cry Havoc et Siège, annoncé comme le mariage du wargame et du jeu de rôles. Toute une époque, donc...

Les Nouvelles du Front sont déjà là et font une part belle aux manifestations passées et à venir, ainsi qu'aux réponses au sondage initié dans le numéro précédent. Viennent ensuite les nouveautés en matière de jeu de rôle, qui évoque notamment la Boîte de Base, c'est-à-dire la traduction française (ratée) du D&D Basic, l'arrivée de Flashing Blades (qui deviendra Les Trois Mousquetaires quelque temps plus tard), l'arrivée de l'écran pour Paranoïa et les traductions de modules Cthulhu chez Jeux Descartes. Notons aussi que  l'auteur évoque, pour MERP (le futur JRTM en français), la sortie de l'écran du DM, preuve de l'omniprésence de Donj', à l'époque. Nombre de wargames et quelques jeux de plateau à venir sont ensuite évoqués. Une place est faite aux clubs (j'en parlerai davantage dans un prochain billet), puis les Têtes d'Affiche mettent un coup de projecteur sur quelques nouveautés. Un certain Pierre Rosenthal nous parle (pas forcément en bien) de Twilight 2000, entre deux retours de wargames et de jeu de plateau (Baston). Après la page Inspirations, qui donne quelques conseils de lecture, on attaque les articles de fond. 

Le premier évoque Battle for the Ardennes, un wargame édité par TSR, et fournit des règles optionnelles. Je passe sur cet article, n'étant pas client de wargames. L'article suivant traite de l'Infanterie de 39-60 et semble assez généraliste, mais là aussi, j'ai fait l'impasse. On continue dans la même tonalité avec Narvik, un wargame de la série Europa chez GDW, puis un module Squad Leader et ce qui ressemble à un compte-rendu de partie d'Amirauté, avant un article sur le jeu d'histoire avec figurines, et plus précisément le Premier Empire, comprenant moult tables. Si (comme moi), vous n'êtes pas très friand de wargames, cela fait pas mal de pages qui ne servent à rien, à part se rendre compte de ce que pouvait être le paysage ludique de l'époque. 

Les deux pages suivantes sont signées Duccio Vitale et ouvrent une nouvelle (et éphémère) rubrique, nommée Tutti Frutti. A remettre dans son contexte, cet article évoque le jeu de simulation, en général et pourrait être utile à de parfaits béotiens. Vient ensuite la rubrique Ludotique, qui évoque de jeux sur Amstrad ou Apple (ça devait être Apple II, à l'époque), à des prix prohibitifs à l'époque. 

Illustration personnelle
L'Enfer du décor (j'ai toujours adoré ce titre) nous propose une BD en deux pages, pas exceptionnelle, mais qui nous rappelle que nombre de dessinateurs sont passés par Casus Belli avant d'aller jouer dans la cour des grands. 


Vient enfin la partie jeu de rôle du magazine, avec la rubrique Devine qui vient dîner, qui nous propose un monstre peureux mais pouvant devenir un vrai protecteur, sans comprendre la langue de son maître, suivi par une page libre, amusante mais futile. Juste après,  La Gazette Galactique, consacrée à MEGA, propose 3 pages sur les armes à feu et à rayons, avant un retour sur Toon par une joueuse (à l'époque, c'était chose rare). C'est également une rédactrice qui nous parle ensuite d'Empire Galactique, dont le supplément Aux Frontières de l'Empire fait l'objet d'un encadré par D. Vitale. 

La double page de publicité suivante présente l'arbre généalogique TSR et mérite sa place au patrimoine rôludique. Cette initiative de Transecom (l'éditeur de la VF de l'époque) en dit long sur l'historique du plus vieux des jeux de rôle, non ?


Illustration personnelle

On a ensuite droit à un scénario "interactif" (une fiction à choix multiples), puis à deux scénarios : Le château de la Réalité Multiple (pour AD&D) et Super-Héros S.A., qui ambitionne de pouvoir être joué avec Vilains & Vigilantes, Champions, Superworld et Marvel Super-Heroes (soit, à l'époque, l'intégralité des jeux de super-héros, j'imagine). Evidemment, les caractéristiques des PNJ prennent pas mal de place, dans ces conditions. 

Le numéro se termine avec les petites annonces et une page de publicité pour des figurines pour l'Appel de Cthulhu chez Jeux Descartes. 

Ce n'est pas ce numéro qui me fit découvrir Casus Belli, mais ce numéro 26 est représentatif de son époque : ça bouillonne, ça crée, ça vit. La passion est là, et elle est communicative. 

A bientôt pour une autre plongée dans le millénaire passé !

samedi 9 novembre 2024

Le Casus d'avant

Honte sur moi, je néglige les colonnes de ce blog, en ce moment. Voici un article qui, je l'espère, intéressera les quelques lecteurs de ces colonnes et qui prend une couleur particulière, étant donné le récent arrêt de Casus Belli.
J'ai évoqué il y a peu la mise en ligne des premiers numéros du mémorable fanzine Tinkle Bavard. Pour les nostalgiques de cette époque du JdR, nombre de ressources permettent de jeter un œil dans le rétroviseur. Ainsi, sur le forum CasusNo, sont régulièrement épluchés les anciens numéros de Casus Belli (dans sa première incarnation). Tout en replaçant le contexte de l'époque, l'auteur des posts (sous le pseudo Vociferator) détaille le contenu de ces numéros d'un autre siècle. 

Vous trouverez ainsi une rétrospective des numéros suivants : 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54 et 55 (à ce jour)


Remontant encore plus loin dans l'histoire de Casus Belli, Anniceris fait de même, de façon souvent plus détaillée et en apportant des détails parfois oubliés. Les numéros épluchés (bonjour la nostalgie !) sont les suivants : 123456789101112131415161718192021222324 et 25

Vous, je ne sais pas, mais je considère ces articles comme d'utilité publique !



Mise à jour du 26/01/2025 : ajout du lien vers le numéro 55.

jeudi 31 octobre 2024

This is Halloween

Depuis la sortie de Trucs Trop Bizarres, en 2017 (bigre, déjà), la date d'Halloween a souvent été prétexte à la publication de petits suppléments, qu'il s'agisse de nouveaux monstres ou de numéros de Stranger Tales, le fanzine officiel du jeu. 

Cela faisait quatre ans que nous n'avions pas sorti de nouvel opus de Stranger Tales. Cette année,  nous vous proposons le septième de la série, avec un article revenant sur le No Man's Land, trois nouveaux monstres à affronter et trois scénarios inédits : Swamp Thing, Fade to Grey et Tears of a Clown



Comme d'habitude, tout ceci est téléchargeable, gratuitement ici

Tout la gamme reste disponible gratuitement (ou en impression à la demande, à prix coûtant) sur la page du jeu, évidemment. 

Très bonne fête d'Halloween à toutes et tous !

mercredi 23 octobre 2024

Nouvelles du fond

Entre deux récits de parties, voici un petit flash infos, très bref, parce que je suis un peu sous l'eau en ce moment. 

Les éditions Arkhane Asylum Publishing complètent leur collection de grosses licences, puisqu'après Blade Runner, Alien, Fallout, et j'en passe, c'est au tour du Disque-Monde d'être sur leur planning de traduction. Pendant ce temps, on attend toujours les suppléments annoncés pour Maléfices (hum)...  

Toujours chez cet éditeur, la gamme Vaesen va s'enrichir de plusieurs suppléments, dont une boîte d'initiation (largement après la sortie du livre de base, ne cherchons pas à comprendre). 

Au rayon des licences improbables (quoiqu'ayant déjà fait l'objet d'une adaptation rôludique amateure), vous pouvez participer au foulancement du jeu de rôle consacré aux Schtroumpfs

Et pour finir, comme Halloween est tout proche, il se pourrait que ce soit l'occasion de voir apparaître du nouveau matériel pour Trucs Trop Bizarres. Je dis ça, je dis rien...



lundi 7 octobre 2024

Mystères à Whitby, épisode 10

Après une longue interruption indépendante de notre volonté, la série Trucs Trop Bizarres dans laquelle je joue a repris tout récemment. Comme à chaque fois, j'ai rédigé un récit de cette nouvelle aventure dans la petite ville de Whibty, Indiana. 

Voici donc le récit de ce dixième épisode (qui est en fait le deuxième épisode de la troisième saison) : vous pouvez télécharger ceci à cet emplacement. 

Vous connaissez le refrain : ça a été une superbe partie et j'ai hâte d'en jouer la suite. Corollaire évident : comme nous approchons de la fin (la série devrait n'avoir que quatre saisons), j'essaie de tempérer cette hâte. En attendant, bonne lecture !

lundi 30 septembre 2024

L'homme qui en voyait trop

Il y avait longtemps que je n'avais pas mis de scénario à disposition sur ce blog. C'est avec Maléfices que. je répare cette lacune, en vous proposant La Zone Morte, que vous pouvez télécharger ici. 

Ce scénario est adapté à un petit groupe de joueurs et peut être joué en une seule fois (c'est même ce que je recommande, afin de maintenir la tension). Il utilise le contexte de mars 1906, notamment pour son ambiance et sa conclusion. Si vous souhaitez le situer à une autre date, il vous faudra procéder à un travail d'adaptation. Lorsqu'il a été joué, l'émotion fut au rendez-vous : je crois pouvoir dire que mes joueurs n'oublieront pas de sitôt ce pauvre Paul Léfèvre. 

Bonne lecture, et bon jeu !

jeudi 26 septembre 2024

Les foulancements : demain, j'arrête

Une fois n'est pas coutume, je vais me fendre d'un petit billet d'humeur. j'ai le droit, après tout : c'est mon blog et je ne force personne à lire tel ou tel article. Voici donc l'une de mes bonnes résolutions de la rentrée.

Depuis quelques années, bon nombre de projets ludiques (et/ou rôludiques) ont fait appel au système du foulancement (ou crowdfunding). Le principe de ce système est simple et était déjà utilisé dans le cadre des souscriptions : faire un appel de fonds permettant de financer un projet en amont. A la base, cela est très louable, puisque le foulancement permettait à des projets de voir le jour alors qu'avec un modèle plus traditionnel, ils se seraient sûrement cassé le nez contre le mur de la réalité. 

Porté par quelques grosses plateformes spécialisées (on songe évidemment à Kickstarter ou à Ulule, plus près de chez nous) ou plus confidentielles (Gameontabletop ou Kisskissbankbank), un foulancement représente un engagement mutuel. En gros, le porteur de projet s'engage, si les contributions sont assez élevées, à livrer le produit, dans les délais. De plus, sil le financement fixe une somme à atteindre, certains paliers au-dessus de cette somme permettent, s'ils sont atteints, de débloquer des gratifications supplémentaires (les stretch goals). Il s'agit généralement de goodies allant du marque-page au chapitre supplémentaire d'un livre, souvent réservés aux seuls contributeurs (aussi appelés backers). 

Illustration Giphy

On ne va pas se mentir, le financement participatif utilise aussi des techniques de manipulation mentale : en promettant à ses backers de leur livrer le produit avant les autres, souvent dans une version collector et avec des goodies exclusifs (qui prendront souvent la poussière), il les caresse dans le sens du poil et peut créer l'envie, à défaut du besoin. L'utilisation des early birds, qui consiste à offrir à un prix (un tout petit peu) réduit une des récompenses pour un nombre limité de backers est également fréquente. Notons au passage que le crowdfunding, en plus de ses modes de fonctionnement bien particuliers, use et abuse d'un jargonnage en globish (qui participe sans doute aussi à forger une communauté). 

Plus d'une fois, le foulancement permit ainsi à des petits créateurs de mener à bien des projets qui n'auraient sans doute pas vu le jour sans ce système. Il a permis aussi la création de produits ambitieux, menés par des éditeurs qui n'auraient sans doute pas investi autant sans cette avancée de trésorerie. 

Mais, rapidement, des dérives sont apparues et nombreux furent les porteurs de projets qui donnèrent un vilain coup de canif dans le contrat : le produit final était bien différent de celui initialement promis, les délais explosaient régulièrement (les exemples abondent) et, dans certains cas, n'aboutissaient jamais : certains se sont barrés avec la caisse et courent toujours, après avoir fait baver pas mal de monde avec l'idée du siècle. 

A titre personnel, j'ai suivi, ces dernières années 33 foulancements, sur diverses plates-formes et pour divers projets, allant du livre au gros jeu de plateau. Indépendamment du type de projet et de la plate-forme de support, seuls 24 % des projets furent livrés dans les temps annoncés ! Si l'on se penche sur les retards, ceux-ci vont de 1 à 36 mois (record qui sera probablement battu par le seul projet que j'attends encore). Et, souvent, les excuses invoquées pour ces retards ne sont pas recevables (le coup du "Désolés, on ne l'avait pas prévu, c'est le Nouvel An Chinois" me reste en-travers de la gorge, personnellement). 

Illustration Giphy

Au-delà du respect des délais, la satisfaction à réception ne fut pas toujours au rendez-vous. Entre ce que l'on fit miroiter au lancement du projet et ce qui fut livré, il y a parfois un écart. 

Alors, oui, le système du financement participatif est parti d'une bonne idée (qui reprenait peu ou prou le principe des souscriptions, cher à certains petits éditeurs littéraires) : permettre à des créateurs de se lancer, sans avoir la trésorerie nécessaire. Mais trop de promesses non tenues (ou mal tenues) et le recours systématique à cette méthode, y compris lorsque ce n'est plus justifié (vous ne me ferez pas crois que certains éditeurs n'ont pas le cash nécessaire) ont dévoyé une chouette idée. Et ne parlons pas de ceux qui lancent un financement très en amont, sur la base d'une simple idée, sans avoir posé le moindre début de planning. On en aurait mis dehors pour moins que ça dans n'importe quelle industrie.

Après avoir participé à une vingtaine de projets, je renonce donc à ce mode de financement, les mauvaises expériences n'étant pas compensées par les bonnes (hélas moins nombreuses). Oui, je me prive ainsi de certaines exclusivités (mais je suis prêt à parier que le marché de l'occasion me les fournira si besoin) et oui, je punis tout le monde (mais le modèle me survivra, je ne suis pas inquiet). 

Je ne suis pas sûr que ce billet (qui ne reflète que ma position personnelle) soit lu, voire apprécié. Mais, comme je le disais en exergue, c'est un billet d'humeur ou, pour le dire autrement et paraphraser un grand philosophe : je te dis pas que c'est pas injuste. Je te dis que ça soulage. 


Illustration Giphy



mardi 24 septembre 2024

Gros Fumble !

Cela mérite bien un flash infos spécial. Même si on l'avait pressenti, après l'annonce de la semaine dernière, qui expliquait que le magazine ne serait plus disponible en abonnement, mais seulement via financement (grosso merdo), c'est aujourd'hui confirmé : Casus Belli s'arrête. 

En tout cas, dans sa formule actuelle (sa quatrième incarnation), c'en est donc fini de ce vénérable titre de la presse rôludique française. En l'état actuel de la presse écrite (qui plus est dans un secteur qu'on peut encore qualifier de niche), avec une proposition souvent maladroite (un magazine trop gros, un contenu pas toujours pertinent, des news souvent dépassées et un prix prohibitif), c'est déjà une belle performance que d'avoir tenu 50 numéros. 

Il reste à savoir si une nouvelle incarnation de ce phare de la presse rôludique française verra le jour. Malgré tous ses défauts, Casus Belli laisse un grand vide. 

dimanche 22 septembre 2024

Blade Runner, le kit de démarrage

Cela faisait déjà un certain temps que j'attendais la parution en français du jeu de rôle Blade Runner, à la fois par curiosité et aussi parce que le film du même nom est un de mes préférés. 

Illustration Arkhane Asylum Publishing

Le kit de démarrage est contenu dans une belle boîte, toute noire et laquée. A l'intérieur, se trouvent deux livrets (l'un contenant les règles, l'autre le scénario), une carte de L.A., les fiches de pré-tirés, des dés, une enveloppe contenant les documents destinés aux joueurs et un paquet de cartes.

Oui, une fois de plus, il manque un écran, même rudimentaire : ça reste tout de même un élément incontournable de toute bonne tablée de JdR. L'absence de cet accessoire (qui ne l'est pas, justement) est étonnant (ou pas), surtout si on annonce que ce kit peut s'adresser aux débutants. 

Sur la forme, il y a peu de choses à redire : c'est très beau, très léché, très noir aussi. Certes, les textes sur fond noir peuvent être désagréables à lire (surtout passé un certain âge) mais le thème du jeu imposait presque cette esthétique. Les illustrations sont plutôt belles et instillent l'ambiance attendue. 

Attaquons maintenant le livre de règles et de contextes. Blade Runner, le jeu, se place entre les deux films, en 2037. Les joueurs y incarnent des...Blade Runners, pouvant être des réplicants (des Nexus 9, puisque ça a rudement évolué depuis ceux qu'affronta Rick  Deckard)

Le système est basé sur le Year Zero Engine, mais utilise, cette fois, des dés allant du D6 au D12. Voilà qui représente une couche de difficulté supplémentaire (quoique). Les joueurs lancent un certain nombre de dés et chaque 6 ou plus est un succès, sachant qu'il en faut généralement un seul. Les échecs causent des états, de même que la possibilité de relancer les dés. Trop d'états (physique ou mental) et le personnage est hors... d'état, justement. A noter que le succès sont représentés par un œil, les échecs par des licornes. 

Illustration Arkhane Asylum Publishing

Les cartes fournies dans la boîte serviront dans les scènes de combat et de poursuite : elles sont dans le même ton, esthétiquement parlant que le reste du jeu. La carte représente une partie du L.A. de 2037 et permet d'avoir une idée de l'emplacement de certains points importants. Elle est plutôt réussie et apporte un petit plus à l'ambiance (coucou Berlin XVIII). 

Viennent ensuite les fiches de personnages pré-tirés : cela peut faire tiquer les joueurs chevronnés qui risquent de vouloir jouer un personnage qu'ils auraient créé. Il leur faudra donc bricoler un peu ou attendre le livre de base pour le faire, les kits d'initiation ne permettant pas la création de personnages. 

L'enveloppe kraft fournie contient les documents à remettre aux joueurs lors du déroulement du premier dossier scénario  qui remplit le deuxième livret. Ce dernier est plutôt bien foutu et respectueux de l'univers, quoiqu'assez simple. Cependant, l'œuvre originelle (je parle du premier film) ayant déjà tout dit (ou presque), il est difficile d'envisager des scénarios autres qu'inférieurs en ambition : celui présent dans la boîte est annoncé comme le premier d'une longue campagne, qui sera publiée au fur et à mesure de l'avancée de la gamme, et dont les scénarios peuvent être joués dans n'importe quel ordre et entrecoupés par d'autres scénarios. J'avoue rester perplexe devant pareille intention : verra-t-on la fin de cette campagne ? Et, surtout, en vaut-elle la peine ? 

Bref, si je doute que pareille promesse soit tenue, je donne à l'éditeur le bénéfice du doute. Mais, d'un autre côté, si je devais faire jouer Blade Runner (et on me dit dans l'oreillette que c'est très probable), sans doute utiliserais-je ce premier dossier.

En refermant la boîte, c'est avec un a priori très positif : ce kit de démarrage bien rempli et plutôt joli en donne pour son argent et, surtout, donne envie d'aller plus loin (c'est le but, je pense). Espérons que la gamme suivra !


Blade Runner, kit de démarrage
Arkhane Asylum Publishing
Auteur principal : Tomas Harenstam
Illustrations : Gustav Ekelund
Prix conseillé : 47,50 €