samedi 16 novembre 2024

Archéorôludisme : Casus Belli n°27

Comme annoncé, voici une nouvelle plongée dans les archives de la presse rôludique française. Ce numéro 27 de Casus Belli (juillet 1985) a pour moi une saveur particulière puisqu'il fut le premier de mon premier abonnement, ma première dose en quelque sorte. Quand arriva dans le courrier ce numéro d'une étrange revue à la reliure en dos carré (une particularité qui durera encore quelques années sur Casus Belli), j'entrai à l'époque dans un nouveau territoire. 

Illustration personnelle

Au milieu des Nouvelles du Front (qui font la part belle aux conventions et aux clubs) on remarque un encadré signé de Didier Guiserix, qui remet les choses au point à propos des rapports entre Casus Belli et Runes. Aussi petit soit-il à cette époque, le milieu rôludique n'était pas épargné par les querelles de clochers et les rumeurs. 

Qu'apprend-on dans ces Nouvelles du Front ? Eh bien, que le nouveau jeu de Chaosium, écrit par Greg Stafford, pourrait bien marquer un tournant, avec ses règles simples, ses traits de personnalités et ses valeurs : Pendragon arrive ! Il y a encore pas mal de wargames dans cette rubrique, mais aussi l'arrivée de JdR de plus en plus variés. Pour l'anecdote, est annoncé, chez FASA, la sortie d'un jeu de fantaisie (sic !) tiré d'une série vedette de télévision britannique : Doctor Who (dans sa première incarnation rôludique) était "à classer à mi-chemin entre la SF et les supers-héros" (re-sic !). Notons aussi, sur un quart de colonne, l'éphémère rubrique Télégrammes, qui annonce la sortie de quelques jeux, donc Le gang des Traction Avant et Battle System, le jeu de batailles avec figurines compatible avec AD&D.

Les rubriques Librairie  et Inspirations continuent d'être alimentées : on ne m'ôtera pas de l'idée qu'elles ont permis de garnir pas mal de bibliothèques chez les jeunes rôlistes de l'époque. 


C'est un spécial scénarios que ce numéro 26 : imaginez un peu le néophyte qui ouvre ces pages et découvre de drôles d'histoires dans des environnements très variés.
La part consacrée aux wargames s'est fortement contractée, si on compare avec le numéro précédent. Mais ils ont eux aussi droit à leur livraison de scénarios : deux pour le mastodonte Squad Leader, autant pour Panzerblitz/Panzerleader, un pour Cry Havoc, un (solitaire) pour Car Wars et un pour Baston.

La curiosité du numéro est Sang Froid  : un programme en Basic à entrer soi-même sur son ordinateur personnel pour jouer les chasseurs de vampire. J'avoue n'avoir pas fait l'effort de saisir les trois pages de code, mais si quelqu'un l'a fait, je suis preneur de son retour d'expérience. 

En matière de scénarios de JdR (ou de modules, puisque ce vocable est encore employé), l'offre est représentative de l'époque : Scratch sur Aquima pour Empire Galactique, La mine des Iroquois pour Aftermath, Vaisseau Fantôme pour Traveller, Un tigre dans la malle pour L'Appel de Cthulhu, Le Bon, la Brute et les Brigands pour Légendes Celtiques, Le Temple de Syth, Le Maître du Néant et Némésus ou le portrait du Diable pour AD&D. Notons au passage que le scénario pour Empire Galactique est doté d'une illustration de Rolland Barthélémy, qu'on retrouvera sur pas mal de jeux. A ma connaissance, c'est sa première collaboration avec Casus Belli. 

Illustration personnelle

Quelques-uns de ces scénarios sont tombés dans l'oubli, tandis que d'autres ont marqué leur époque. En ce qui me concerne, Un tigre dans la malle m'avait impressionné, malgré une culture lovecraftienne à l'époque lacunaire. Qui sait si, un jour, je n'enverrai pas mes joueurs aux Indes, pour une grosse séquence de nostalgie. 

Comme je le disais en exergue, ce numéro a une saveur toute particulière pour moi. A l'époque, je ne connaissais pas la moitié des jeux de rôle dont il était question et ne pratiquais aucun de ceux-ci. Mais le sentiment d'un monde plein de possibilités était là, devant moi. Je gage qu'à cette époque, nous fûmes nombreux à ouvrir la porte de ce monde. 

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