mardi 30 janvier 2024

Le drame de la rue des Récollets

Après Enchères sous pavillon noirL'énigmatique carnet du Capitaine Pop Plinn et Délivrez-nous du mal, continuons l'archélogie rôludique maléficieuse. Au nombre des scénarios "officiels" publiés à l'époque de la première édition (comprenez par là ceux dont les prix atteignent aujourd'hui des sommets), Le drame de la Rue des Récollets tient une place particulière. Tout d'abord, il s'agit du premier supplément de la gamme Maléfices et, à ce titre, est pour beaucoup dans le "ton" de ce jeu. Si la boîte de base de la première édition fournissait deux scénarios, offrant chacun leur "voie" (Une étrange maison de poupées et La malédiction de Fontevraud), ce premier supplément reste marquant et est, pour beaucoup, le plus représentatif du jeu. 

Illustration scribd

L'implication des personnages est des plus classiques : lors d'une soirée au Club Pythagore, ils font connaissance avec l'un des membres, Gutenberg, qui finit par les inviter chez lui. L'homme rencontre en effet un problème : il craint que sa maison ne soit hantée, à moins que ce ne soit son épouse qui perde la raison. 

Difficile d'en dire plus au sujet de l'intrigue sans dévoiler quelques scènes-clés du scénario. Ce dernier utilise des ficelles classiques mais redoutablement efficaces. Des joueurs expérimentés les verront sans doute à l'avance, mais pour de nouveaux venus dans le jeu de rôle (et a fortiori dans Maléfices), ce peut être une expérience inoubliable., pour peu que le MJ soit bien préparé et qu'il ait soigné son ambiance (ce qui est toujours le cas, non ?). 

Illustration tirée du scénario

Quelques réserves sont à émettre, au sujet de ce scénario fondateur d'un certain esprit maléficieux. Passons vite sur ses coquilles (je songe notamment au plan de la maison, à la limite du non-euclidien), corrigées dans la nouvelle édition. Avec le recul, Le drame de la Rue des Récollets présente un écueil majeur, si vous avez choisi de respecter au pied de la lettre les usages de l'époque : il est difficile, voire impossible, d'envisager que des étrangers (fussent-ils membres du Club Pythagore) s'installent sous le toit des Passelat : ce sont des choses qui ne se font pas (du moins pas aussi facilement). Cet obstacle (encore plus vrai pour Une étrange maison de poupées) peut fort bien envoyer le scénario dans le fossé dès son début et il faudra songer à le négocier A ce propos, il me semble délicat de le faire jouer à des joueurs ayant vécu Une étrange maison de poupées, puisqu'ils risquent de se faire une drôle d'idée du Club Pythagore, après ces deux aventures. 

Ré-édité dans le cadre de la dernière édition du jeu, Le Drame de la Rue des Récollets n'a rien perdu de son cachet. Pour l'avoir fait jouer plusieurs fois, je considère qu'il fait partie des classiques incontournables. Naturellement, il est difficile de mettre la main sur cette pépite, qui atteint des prix indécents (sa ré-édition pourrait calmer le jeu, cependant). 

samedi 27 janvier 2024

Karuba

De temps en temps, revenir à un jeu de plateau plutôt simple est appréciable. J'avais découvert Karuba (édité depuis 2015 chez Haba, un éditeur plutôt orienté jeunesse) il y a quelques années et il est venu rejoindre ma ludothèque tout récemment. 

Illustration Philibert

Sur l'île de Karuba, quatre explorateurs débarquent et vont devoir rejoindre chacun un temple situé dans la jungle. Il faut, pour cela traverser la dite jungle. En termes de jeu, tous les joueurs (de deux à quatre) disposent du même plateau et des mêmes 36 tuiles (dessinant les chemins à tracer). Au début du jeu, on place les quatre aventuriers sur les plages et les quatre temples sur les côtés opposés. A chaque tour, l'un des joueurs tire au hasard une tuile et tout le monde doit soit poser cette tuile, soit déplacer un des aventuriers. Dès qu'un aventurier a atteint un temple, il prend le trésor correspondant (dont la valeur dépend de l'ordre d'arrivée), tout en ayant pu ramasser quelques cristaux et pépites en chemin.

Illustration Philibert

Un peu de hasard (le tirage des tuiles a un côté bingo), pas mal de programmation et beaucoup de fun, voilà la recette de Karuba. Ce jeu familial permet de démarrer rapidement des parties, qui dureront moins d'une demi-heure. C'est donc l'idéal pour une petite pause ludique de début de soirée (ou de pause méridienne au boulot), d'autant plus que les règles sont simples et robustes (ah, le modèle allemand !). 

L'air de rien, c'est à un jeu plutôt  malin que nous avons affaire ici. Si à première vue, la composante aléatoire semble jouer un grand rôle, il n'en est rien et c'est bien en préparant ses itinéraires qu'un joueur peut espérer atteindre les quatre temples avant les autres (et donc, récupérer les trésors les plus intéressants). Si vous êtes amateurs de ces jeux faussement simples, mais sur lesquels on revient régulièrement sans s'en lasser, Karuba devrait vous combler !


Karuba
Auteur : Rüdiger Dorn
Illustrations : Stephan Claus
Edité par Haba
Prix conseillé : 34 €

mardi 23 janvier 2024

La saga des Ailes Noires (saison 2, épisode 4)

Après un épisode spécial (de Noël ?), la saga Wûrm que je mène actuellement a pris un tour plutôt inattendu. Les deux personnages-joueurs qui la vivent sont maintenant alliés à deux autres personnages, qui plus est d'un autre peuple. Si vous avez lu le récit du dernier épisode, vous comprendrez qu'il était hors de question de séparer brutalement le groupe, chacun repartant de son côté comme si de rien n'était. Ce que les personnages (qu'ils soient Hommes Longs ou Hommes-Ours) ont vécu ensemble fut trop intense pour qu'ils ne restent pas ensemble. 

J'ai donc concocté un nouvel épisode, que nous avons joué tout récemment et qui (ça devient une habitude avec cet excellent jeu) a donné lieu à une très belle séance. 

Vous pouvez découvrir le récit de cet épisode ici. Bonne lecture, et à bientôt pour la suite !

lundi 15 janvier 2024

Une Belle Epoque pour jouer

Je mène depuis plusieurs années déjà une série Maléfices, sans arc narratif principal, mais avec des personnages récurrents et des intrigues parfois liées, avec des scénarios "maison" (qui ont ma préférence). Quand j'ai relaté mon bilan rôludique de 2023, l'un des fidèles lecteurs de ce blog (que je salue au passage) a demandé si les scénarios en question pouvaient faire l'objet d'une publication. La plupart ne sont pas lisibles en l'état (mais j'envisage d'en faire des résumés exploitables), certains concernent trop les personnages-joueurs pour être utilisés sur d'autres tables. 

Cependant, parmi les premiers scénarios de cette série, j'ai remis en forme L'étrange mal qui frappa Monsieur Lefranc, que je mets à votre disposition. Il inclut, pour être fidèle à la marque de fabrique des scénarios Maléfices, quelques documents annexes. Par contre, il n'y est pas fait mention de jets de dés ou de la sollicitation de telle ou telle compétence : à vous de vous débrouiller, chers MJ !

Et, d'ici quelque temps (je préfère ne pas donner de date-butoir, pour être sûr de ne pas la dépasser), d'autres scénarios seront également mis en ligne. 

mercredi 10 janvier 2024

Délivrez-nous du Mal

 

Illustration Grog

Délivrez-nous du Mal fut le quatrième scénario "officiel" pour Maléfices. Publié en janvier 1986, il présente une particularité : les personnages-joueurs doivent impérativement être dédiés à cet unique scénario et doivent tous être des moines (ou des nonnes). Ecrit par Hervé Fontanières, à qui l'on devait aussi L'énigmatique carnet du Capitaine Pop Plinn.....

Le livret, à couverture souple, commence par l'habituel éditorial, suivi du traditionnel (et difficile) rébus offert à l'époque aux lecteurs. Ensuite, un chapitre sur le clergé sous la IIIème République (3 pages) précède 3 pages de considération sur les "soldats de Dieu" (se penchant un peu plus sur la vie monastique). Viennent ensuite deux pages décrivant plus en détail l'utilisation de la Spiritualité en jeu, puis une nouvelle de cinq pages, sans aucun lien avec le scénario (qui, soit dit en passant, n'est pas véritablement inscrit dans l'époque du jeu et pourrait être joué hors de tout contexte maléficieux).

Illustration tirée du scénario

Ce dernier occupe une trentaine de pages et décrit en détail le monastère cistercien de Saint-Bernard du Bel-Ange, lieu fictif créé pour l'occasion(un plan est fourni), ses membres les plus importants, leurs occupations et le quotidien des moines. La possibilité de jouer ce scénario avec un groupe de personnages féminins est évoquée, au passage. Les modalités de création des personnages-joueurs sont également décrites dans la première partie du scénario : ces personnages (dont les fonctions dans le monastère sont déjà définies) ne serviront qu'une fois, ce qui peut en limiter l'intérêt pour certains. 

Vient ensuite la description des premiers événements (je ne dévoile rien pour ne pas divulgâcher), puis la chronologie des jours durant lesquels se déroule le scénario. Comme nombre de scénarios de l'époque et comme la plupart de ceux publiés pour Maléfices, tout ceci est extrêmement linéaire et repose sur pas mal de bonne volonté des joueurs et une grosse préparation de la part du MJ (qui aura à enrichir le décor et bien connaître les PNJ).

Evidemment, on songe fortement au Nom de la Rose, dont l'adaptation (magistrale) au cinéma n'était pas encore sortie sur les écrans à l'époque. Ressemblant fort à une murder-party, ce scénario est à part dans la gamme Maléfices. Quasiment hors du temps (au point qu'il pourrait être joué à n'importe quelle autre époque) et utilisant des personnages qui ne seront joués qu'une fois, ce scénario possède un ton unique et peut donner lieu à une belle séance de jeu, pourvu qu'il soit confié à des joueurs qui se prêtent au jeu et à un MJ doté d'une bonne faculté d'improvisation et de contrôle. 

vendredi 5 janvier 2024

Nouvelles du fond

Tout d'abord, je souhaite une excellente année à toutes et tous qui lisez ce blog : puissiez-vous, en 2024, accumuler les réussites critiques !  Ce premier flash infos de l'année sera bref, et je risque de ne pas poster aussi régulièrement que souhaité dans les prochaines semaines, étant plutôt débordé (mais c'est pour la bonne cause). Promis, je me rattraperai plus tard !

- Après le succès (assez surprenant pour un jeu historique) du foulancement de la nouvelle édition de Te Deum pour un Massacre, les contributeurs attendaient de pied (plus ou moins) ferme la campagne promise. Celle-ci va être remplacée par un supplément décrivant la ville de Bayonne et proposant quatre scénarios (pouvant être joués en mode "campagne") utilisant ce cadre de jeu.

- Attendu aussi par ses contributeurs depuis belle lurette (il devait initialement être livré en décembre 2020), le jeu Ynn Pryddein (et la campagne promise pour l'accompagner) a été quasiment livrée, au format pdf. Une fois débarrassée de ses dernières coquilles, elle laissera la place à la version définitive et on pourra en espérer la version physique. 

- Ce n'est pas sans lien avec Te Deum pour un Massacre, puisqu'il en est l'auteur. Les romans de Jean-Philippe Jaworski (l'un des tauliers de la Cour d'Obéron, désormais parmi les grands noms de la fantasy) vont faire l'objet d'une belle édition. Même si Noël est passé et malgré toutes les réserves à émettre au sujet de l'éditeur, le projet peut intéresser les amateurs de beaux livres. Naturellement (hum), c'est en financement participatif sur Ulule (et ça a déjà atteint l'objectif, évidemment).

A bientôt pour un autre billet (dès que j'aurai plus de temps)