mercredi 26 juillet 2023
Oldies, but goodies
dimanche 23 juillet 2023
Sa place est dans un musée !
Dans un précédent billet, j'avais signalé plusieurs interviews des grands anciens du JdR francophone : les témoignages de Didier Guiserix, Anne Vétillard et Christian Lehman restent disponibles sur la toile.
Tout récemment, c'est Jean-Marie Noël qui a raconté son parcours rôludique. Au passage, il nous livre sa vision sur la "crise" que vécut le JdR dans les années 1990, vision avec laquelle je suis totalement en accord.
Incidemment, j'ai déniché une vieille interview de Paul Chion, le créateur de Dragon Radieux, tout aussi passionnante (il ne s'agit pas d'une vidéo). Elle aurait toute sa place dans la section dédiée de la Scénariothèque.
Tous ces témoignages, souvent touchants, mériteraient d'être compilés... et enrichis, car d'autres acteurs de cette époque ont eux aussi leur histoire à raconter.
jeudi 20 juillet 2023
Le Parrain
Cela faisait des années que ce jeu sortait lors de réunions ludiques et amicales et qu'il n'était pas joué, faute d'avoir un des joueurs en maîtrisant les règles. Pour briser cette malédiction, j'ai kidnappé emprunté la grosse boîte à l'un de mes amis et me suis engagé à en apprendre les mécanismes avant nos prochaines retrouvailles.
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Image TricTrac |
Reprenant le contexte du premier film (lui-même calqué sur le roman de Mario Puzo), Le Parrain est un jeu de Eric M. Lang, l'un des spécialistes du "gros" jeu de territoires (citons par exemple Blood Rage ou Rising Sun). Dès l'ouverture de la boîte, on est frappé par la beauté du matériel, qui est pour beaucoup dans l'immersion. Il y a beaucoup de matériel et celui-ci est de qualité : qu'il s'agisse du plateau, des cartes, des figurines, des jetons ou des valises (en métal) dont disposeront les joueurs, tout cela me semble irréprochable.
Côté mécanique, si on affaire un jeu d'ouvriers, force est de reconnaître que le thème ne semble pas plaqué artificiellement sur le moteur. Découpée en quatre actes, une partie du Parrain va permettre aux joueurs (de deux à cinq) de réaliser plusieurs actions : envoyer des hommes de main racketter des affaires, étendre son influence sur plusieurs quartiers, réaliser des boulots en dépensant des ressources, utiliser ses alliés, etc.
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Image TricTrac |
Vient ensuite la phase de contrôle des différents territoires (les quartiers de New York), puis à une phase d'enchères permettant de se mettre un allié dans la poche et enfin au paiement du tribut à Don Corleone (c'est quand même lui le boss). On passe alors à l'acte suivant (notons que ce découpage en actes reprend celui du film de Coppola). A la fin du quatrième acte, celui ou celle qui aura mis de côté (dans sa valise) le plus d'argent l'emportera.
C'est à un jeu expert que nous avons affaire : les mécanismes n'ont certes rien de nouveau, mais il vaut mieux être familier de ce type de jeu pour espérer l'emporter, en laissant ses scrupules de côté. Prévu pour 2 à 5 joueurs à partir de 14 ans et des durées de 60 à 90 minutes, Le Parrain est de ces jeux où on oublie, le temps d'une partie, qu'on joue entre amis.
Le Parrain
Editions Edge Entertainment
Auteur : Eric M. Lang
Illustrations : Karl Kopinski
Prix conseillé : 80 €
lundi 10 juillet 2023
Biotopes
Nombreux les jeux de plateau qui se sont emparés du thème de la nature et de la biodiversité. Néanmoins, si on note des efforts, notamment dans l'utilisation du plastique, l'immense majorité des jeux sont produits à l'autre bout de la terre, avec une empreinte carbone assez déplorable.
Récemment, je m'étais fait l'écho d'une louable initiative : les éditions Palladis, pour leur première production, avaient fait le pari du made in France pour leur jeu Biotopes. Ce dernier avait pour ambition de mêler contrôle de territoire et engine-building, sur la thématique de la vie d'un milieu naturel.
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Illustration Philibert |
Premier bon point (ou presque) : le délai annoncé dans le financement participatif a été (presque) tenu. Initialement prévu pour mai 2023, le jeu a débarqué chez les contributeurs en juin.
Deuxième bon point : si la taille de la boîte est relativement réduite, elle est bien remplie, au point qu'il faut se montrer habile pour tout y ranger. Quand on songe à certains jeux dont le carton est rempli de vide (ou laisse de la place pour de futures extensions), c'est appréciable. Notons au passage que la quantité (et la qualité) de matériel n'a rien à envier à certains autres jeux. Si Biotopes coûte un peu plus cher que d'autres boîtes produites aux antipodes, on en a pour son argent.
On trouve dans le jeu des tuiles de territoire, des pions (ou des jetons en bois, si vous avez participé au foulancement), des cubes en bois, des cartes et des sacs en tissu. Le matériel semble de qualité : comme quoi, c'est possible.
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Illustration Philibert |
Le jeu se joue en six ou cinq tours, selon la difficulté choisie. Durant ces tours (des cycles, selon le vocable de Biotopes), les joueurs vont pouvoir dépenser les cubes qu'ils ont récupéré grâce aux territoires qu'ils contrôlent et effectuer les actions suivantes : installer de nouvelles espèces dans leur biotope, étendre leur territoire (quitte à migrer ou à chasser un adversaire), faire se reproduire les espèces déjà présentes, distribuer leurs ressources à ces espèces, etc. Les espèces animales (herbivores, insectivores, carnivores) ont chacune leurs avantages et peuvent donner accès à de nouvelles actions. Quand tous les joueurs ont passé, faute d'agir, on recycle les cubes utilisés qui pourront donc être utilisés sur le tour suivant.
Une fois les tours cycles terminés, on passe au décompte des points. Notons que ce scoring peut varier d'une partie à l'autre, puisque des objectifs (communs) sont définis en début de partie.
Les règles paraissent simples, à la lecture, mais méritent néanmoins un peu d'attention. Quelques formulations mériteraient d'être revues pour les rendre parfaitement fluides. A l'instar de nombre de jeux un peu complexes, Biotopes nécessite plusieurs parties de réglage afin d'être maîtrisé : lors de la première partie, on ne sait pas trop quoi faire avec de si jolis outils.
Le livret de règles propose également quelques variantes et un mode "solo" (ça devient une constante et un signe des temps).
Mais, rapidement, le mécanisme (ou plutôt l'esprit) de ce jeu est appréhendé et donne envie d'y retourner, une fois qu'on a bien saisi le principe. On est donc sur un jeu qui se mérite, mais qui a un gros potentiel de rejouabilité.
Du beau matériel, un thème enthousiasmant et une belle courbe d'apprentissage : que demander de plus ? Ah oui, des joueurs intéressés par l'expérience...
Biotopes
Editions Palladis
Auteur : Sébastien Castano
Illustrations : Alizée Favier
Prix conseillé : 50 €