Repartons un instant en juin 1986, pour le numéro 33 de Casus Belli, première génération. Le premier magazine des jeux de simulation est alors une machine éprouvée, dont nombre de chroniques sont désormais installées.
On pourrait croire que ce numéro est porté par une thématique ferroviaire, puisqu'une partie non négligeable de son contenu évoque le train. D'ailleurs, la couverture annonce la couleur : il y aura du train et de la neige, comme on le verra plus loin.
Le journal s'ouvre avec quelques publicités (notamment une pleine page pour Hexagonal, avec Les Trois Mousquetaires, Bushido et JRTM), puis on attaque le calendrier, qui annonce le France Sud Open de Toulon, notamment, avant de faire un récit de quelques conventions passées et le résultat des concours de scénarios (pour Légendes et les aventures en solo). On passe ensuite aux nouveautés, avec notamment des titres comme Les aventures extraordinaires (d'après Jules Verne), attendu chez Les Elfes, ou les traductions prévues chez Hexagonal : Sandman et Time Master, par exemple, n'auront pas franchi l'étape du projet. Mais d'autres éditeurs dégainent de sacrées adaptations, qu'il s'agisse de Paranoïa chez Jeux Descartes ou de Chill chez Schmidt, pour n'en citer que deux. La partie réservée aux créations en VO est plus réduite (mais très concentrée) tandis que les magazines pullulent : c'est à cette époque que naît Chroniques d'Outre-Monde, avec son numéro 0, tandis que l'article évoque aussi Info-Jeux et Dragon Radieux, respectivement à leurs numéros 3 et 4.
De même, les clubs et les boutiques annoncées dans les pages suivantes semblent se multiplier. Peut-on parler d'un certain âge d'or ?
What's your game se fait l'écho de l'actualité outre-Manche, notamment sous l'angle business, puis vient une interview de G.J. Arnaud, l'auteur de La Compagnie des Glaces, par Pierre Rosenthal. On embraie ensuite sur une Inspi Ciné très ferroviaire puisque Runaway Train tient le haut de l'affiche. On passe ensuite à la BD, en compagnie d'Annabella Belli, avant deux pages de conseils de lecture. Roland C. Wagner a fourni à l'époque quantité d'aiguillages littéraires : toute une génération se biberonna à ses chroniques, je crois. Enfin, le troisième volet de l'article consacré à la fantasy évoque ses tenants actuels (à l'époque), de Poul Anderson à Gene Wolfe.
Les Têtes d'affiche offrent une belle variété de jeux, avec du JdR, du jeu de plateau et du wargame : y sont chroniqués (entre autres) des jeux comme Skyrealms of Jorune, L'an mil ou Dr Ruth's game of good sex (!). Puis commencent les "gros" articles. La Compagnie des Glaces, un des plus anciens jeux de rôle français (à quand une ré-édition ?) est l'objet d'un article de Pierre Rosenthal qui le voit "plus proche d'un jeu d'atmosphère que d'un jeu de dés".
La rubrique Bâtisses et Artifices est consacrée à l'abbaye, qui apprit sûrement pas mal de choses à pas mal de lecteurs. Notons au passage que cet article se conclut en conseillant la lecture du Nom de la Rose, dont l'adaptation cinématographique n'était pas encore sortie. Vient ensuite la Gazette Galactique qui propose, en plus d'une aide de jeu sur les armes, un errata, la deuxième édition de MEGA ayant soulevé quelques questions.
L'article qui suite, signé Jean Balczesak, s'intitule Profession : Maître de Jeu et, si ce qu'il énonce semble aujourd'hui plein d'évidences, il a pu être utile aux MJ débutants de l'époque. La rubrique Devine qui vient dîner continue, après le numéro 32, de décrire les Ma'ians. Suit une nouvelle, puis c'est le Dandurrir d'Arno qui est l'objet de la rubrique Dis monsieur...
On remonte ensuite dans le train avec un scénario pour La Compagnie des Glaces : Les neiges du Kilimandjaro. Ce sera (sauf erreur de ma part) le seul et il est écrit par Jean-Pierre Pécau, auteur du jeu. Le scénario suivant Le jour où le ciel tomba est destiné à Légendes Celtiques et précède l'inévitable scénario pour AD&D. On a ensuite droit à une nouvelle aventure solo, illustrée par Ségur : Les pluches, qui avait remporté le concours proposé dans le numéro 31. Aviez-vous endossé le rôle de ce petit scout de corvée d'épluchages de 25 kg de patates ?
C'est ensuite le tour de L'Enfer du Décor, la BD en deux pages (par Arma), puis vient la rubrique Métalliques, qui donne des indications quant à la peinture des figurines en plomb, sous la plume de Jean Balczesak (encore lui). Je me demande ce qu'auraient pensé les amateurs de ces colonnes de l'omniprésence de figurines en plastique, aujourd'hui.
La rubrique Sur un plateau est titrée "Empires de métal", non qu'y soient traités des jeux avec figurines (rapport aux pages précédentes). Il s'agit ici de jeux de plateau sur le thème (omniprésent dans ce numéro) du train. Souvenez-vous qu'à cette époque, le jeu Les aventuriers du rail n'existe pas encore ! Sont évoqués des titres oubliés comme Rail Baron (chez Avalon Hill), Railway Rivals (Games Workshop), Empire Builder (Mayfair Games) et British Rails (chez le même éditeur, tandis qu'une poignée d'autres sont cités. L'article est très complet et ne désigne pas de grand vainqueur du banc d'essai.
Les wargamers ont droit à un article sur Wellington's victory, "gros" jeu napoléonien, de chez SPI, puis à un autre sur Druid, édité par la toute jeune compagne West End Games. La conclusion du chroniqueur est assez amusante et révélatrice : "Plus qu'un wargame, Druid est un jeu".
Les pages suivantes sont destinés aux fans de deux poids lourds (à l'époque) du wargame : Air Force et Squad Leader, avant la Ludotique qui évoque des jeux pour des micro-ordinateurs oubliés : vous souvenez-vous du MO5 et du TO7, par exemple ?
Enfin, c'est une nouvelle page L'enfer du décor qui clôt le numéro avec Kroc-le-bô, qui trouve (malgré lui) un job de monstre errant.
Notre gobelin préféré conclut ce numéro 33 de Casus Belli. On se retrouve bientôt pour le numéro 34 !
Caisse que j'ai pu rêver sur ce "Les aventures extraordinaires"... Non que j'étaisun grand fan de Jules Verne, à l'époque (ni encore maintenant, d'ailleurs) mais la couverture façon édition du XIXe siècle (éditeur au nom germanique, Hertzel ?) et cette absence de sortie ont rendu ce jeu mythique à mes yeux.
RépondreSupprimerQuant à La Compagnie Des Glaces, je les lis en ce moment, c'est amusant comme l'auteur (pré)voyait un futur froid alors qu'on devrait s'acheminer vers un présent chaud... comme quoi. Mais le jdr a mal vieilli et si je dois un jour faire jouer dans cet univers, ça ne sera pas avec les règles présentées dans ce numéro de Casus Belli.
Merci pour cette chronique ! 🫶
You're welcome ! C'est également un grand plaisir que de se plonger dans ces "vieux" numéros de Casus
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