mardi 15 mars 2022

Roméo et Juliette

Dans la galaxie des jeux de société, existe une catégorie à part : celle des jeux pour deux joueurs. Attention, j'évoque ici les jeux explicitement conçus pour deux et non ceux qui peuvent fonctionner (avec plus ou moins de bonheur) dans cette configuration. Si des jeux comme Azul tournent très bien en duo, d'autres (je citerais, par exemple, Tajuto) offrent des variantes bien pâles pour deux joueurs. Bref, si vous voulez jouer en couple, il existe une véritable offre. Ma dernière tentative dans ce registre fut Romeo et Juliette, édité chez Sylex, qui présentait l'intérêt notable d'être un jeu coopératif. 


Dès l'ouverture de la (jolie) boîte, on est frappé par la beauté du matériel. Le fait que la boîte, en se dépliant, serve de plateau de jeu apporte un plus notable. Le matériel, en plus d'être agréable à l'œil, est solide et fonctionnel : on commence par un bon point, mais il se pourrait que le ramage et le plumage ne se valent pas. 

Sur le plateau ainsi formé, se trouvent plusieurs lieux, sur lesquels sont placés les chaperons, c'est-à-dire les membres des famille Capulet et Montaigu, ainsi que le Frère Laurent et l'Allégorie de la Haine. A chacune des quatre scènes des trois actes (on peut donc jouer jusqu'à douze tours), Roméo et Juliette vont choisir un lieu (sur lequel on déplacera leur figurine) et un chaperon (qui les y accompagnera). Le lieu qu'ont choisi les deux joueurs a également un effet, permettant de déplacer les chaperons sur le plateau. Si, par malheur, des membres des deux familles se retrouvent sur le même lieu, la Haine augmente entre les Montaigu et les Capulet. Si Roméo et Juliette se retrouvent au même endroit, par contre, l'Amour progresse. Evidemment, la jauge de l'Amour doit progresser plus vite que celle de la Haine. 

A lire le résumé ci-dessus, ça paraît simple. Le problème, c'est qu'il y a nombre de zones d'ombres et d'imprécisions dans ce système. Après tout, il est ici question de déplacer des pions sur un plateau et d'éviter autant que faire ce peut que des pions de couleurs différentes finissent sur la même case. Sauf qu'on doit régulièrement s'arrêter en cours de jeu, parce qu'on a un doute ou (pire) qu'on ne sait pas ce que donne l'action qu'on envisage. 

Malgré un look séduisant, on ne peut que déplorer le manque de clarté des règles, incomplètes, confuses et parfois contradictoires. Je ne pense pas en être à mon premier jeu de plateau et ai dompté des mécanismes parfois obscurs, mais là, ça peut être rédhibitoire. D'ailleurs, en explorant la toile à la recherche de vidéos explicatives, j'ai eu droit à des interprétations parfois différentes de certains mécanismes de jeu. S'il est déjà agaçant de devoir consulter des vidéos pour comprendre les règles d'un jeu (le fascicule dans la boîte devrait suffire), quand il faut pour cela en visionner plusieurs, c'est qu'il y a un problème. 

Certes, dans ma ludothèque personnelle, le record de la règle la moins compréhensible reste détenu par Space Hulk Death Angel, mais Romeo et Juliette vise, on le dirait, un accessit. Son éditeur, Sylex, revendique de créer des jeux "simplement complexes" (sic). Dans le cas présent, c'est un jeu qui aurait pu être simple et dont la complexité en rebutera plus d'un. 


Roméo et Juliette
Auteurs :  Jean-Philippe Sahut et Julien Prothière
Illustrateur : David Cochard
Editions Sylex
Prix conseillé : 26,90 €



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire