mardi 29 mars 2022

Dix souvenirs de rôliste

 Comme j'ai lancé cette idée, je vais montrer l'exemple (avec quelques jours de retard, je suis un brin débordé, ces derniers jours). 

  1. Une scène mémorable (en tant que joueur)
    La scène qui me vient immédiatement à l'esprit fait partie de La Geste de Dale, la Chronique menée par Olivier Legrand sur son jeu La Terre des Héros (qui exploite avec le brio qu'on sait la Terre du Milieu). 
    Du haut des remparts de la ville, Mara, princesse daloise, intime d'un geste à Belgorn, capitaine des archers, d'abattre les émissaires envoyés par le Mordor. En quelques instants, tout est fini pour eux, mais les conséquences vont être lourdes. La princesse prend la parole avant de se retirer. Son "Tuez leurs chevaux. Brûlez tout" est inscrit dans ma mémoire. 

  2. Un personnage que vous avez aimé incarner (en tant que joueur)
    Je vais passer pour un monomaniaque (ou alors, la réponse précédente m'a influencé, ce qui est très probable, à bien y réfléchir), mais Belgorn, l'archer de Dale que j'incarnais durant la dite Geste est sans doute le personnage que j'ai préféré. Un vrai sens de l'honneur, un dévouement sans faille aux siens : non content d'être parmi les meilleurs archers du royaume, Belgorn avait du cœur.

  3. Une scène mémorable (en tant que MJ)
    Il y en a eu beaucoup et il y en aura encore, j'en suis sûr. Restons dans le récent : sur ma saga Würm actuelle, la conclusion du troisième épisode a donné lieu à une scène poignante, presque entièrement descriptive. Après l'avoir tiré des griffes de cannibales, les deux héros amènent un des anciens de la tribu au lieu sacré où il va mourir. Le vieillard parcourt seul un paysage de roche et de poussière, balayé par le vent, où sont parsemés les ossements de ceux venus ici avant lui. Il finit par trouver le crâne de celle qui fut sa femme et s'assied sur le sol, avant de faire ses adieux aux personnages-joueurs. Quand ces derniers quittent les lieux, leur gorge est serrée, et je crois pouvoir dire que celle des joueurs l'était aussi. 

  4. Un personnage-non-joueur que vous avez aimé incarner (en tant que MJ)
    Là aussi, ils sont nombreux, ces PNJ dans la peau desquelles j'ai aimé me glisser, pour quelques instants ou de façon récurrente, au point que je pourrais y englober la plupart de ceux qui tiennent un rôle notable dans l'histoire vécue autour de la table. Le célèbre Caton, taulier du Club Pythagore de Maléfices est un personnage récurrent dans mes chroniques sur ce jeu. Mystérieux, bienveillant et parfois facétieux (attention, c'est le Caton de mon Maléfices, forcément différent de celui d'autres MJ), c'est un de ceux-là.

  5. Une scène improvisée qui s'est avérée importante
    Cette question devrait générer l'embarras du choix, parce que n'importe quel MJ improvise beaucoup (c'est à mes yeux l'un des plaisirs du JdR, de ce côté de l'écran). Pourtant, en tant que joueur, j'ai du mal à identifier ce qui a été improvisé de ce qui était prévu : c'est la preuve du talent des MJ avec lesquels j'ai joué. Je vais donc citer une scène que j'ai improvisée, en tant que MJ et en choisir une encore assez récente (quelques années tout de même), sur ce bon vieux Maléfices. Nous sommes en fin de scénario (je reste vague sur ce scénario, le faisant jouer régulièrement et ne voulant pas le divulgâcher) et l'un des PJ veut confondre le PNJ coupable d'un meurtre il y a quelques années (et hanté depuis peu par l'esprit de sa victime). Très rationnel, ce PJ s'est basé sur son propre raisonnement et compte obtenir un aveu du PNJ, dont les nerfs sont sur le point de craquer. Face au PNJ, il l'accuse d'avoir tué son frère pour profiter de l'héritage familial, mais ne peut rien prouver. Le PNJ n'avoue rien, mais sa tension est palpable. C'est alors qu'un cadre posé sur son bureau se renverse, sans aucune raison : sur le cliché encadré, le PNJ et son frère sont photographiés, quelque temps avant le drame. Le coupable craque, persuadé que son défunt frère l'accable. Le PJ, quant à lui, cherche une explication rationnelle à cet événement. 
    Cette scène n'a l'air de rien, mais elle a permis de confondre le coupable et de faire douter, ne fût-ce qu'un instant, le PJ. 

  6. Un jet de dé(s) qui fut déterminant (qu'il s'agisse d'un échec ou d'une réussite)
    Bigre, c'est encore la Geste de Dale qui me vient à l'esprit. Evidemment, c'est sans doute parce que j'en ai parlé plus haut et qu'une ribambelle de souvenirs associés à cette Chronique me sont revenus. Au cours du troisième épisode, nos personnages se retrouvent sur les remparts de la ville et voient arriver la horde des hommes de l'Est. Ceux-là sont prêts à lancer leur assaut et nous ne donnons pas cher des fortifications. Les cavaliers se sont arrêtés au-delà de la portée des archers, mais Belgorn, toujours lui dispose de flèches elfiques qu'il garde pour un moment particulier : ce moment est venu. Il bande son arc et choisit de viser le chef des assaillants. Son talent d'archer est mis à l'épreuve et il espère que s'il fait mouche, les hommes de l'Est comprendront que la ville ne tombera pas sans combattre. Le lancer de dé, malgré la difficulté du jet, est un succès et la flèche vient se planter dans l'œil du chef des variags. L'hésitation le cède bientôt à la panique chez eux et, bientôt, l'armée bat en retraite. La ville est sauvée, pour un temps. 

  7. Votre scénario préféré (de vous ou non, amateur ou non, publié ou non)
    Le scénario Making plans for Nigel que j'ai écrit pour le premier Stranger Tales, le supplément de Trucs Trop Bizarres est un de mes préférés. Il s'agit du premier qui ait été finalisé pour ce jeu et ses premières ébauches datent même du temps où TTB n'était pas complètement terminé. Il est, à mes yeux, représentatif de l'intention portée par le jeu et j'essaie de le faire jouer chaque fois que possible (cela dit, comme il est assez long, il est peu adapté à une séance d'initiation).
    En plus, j'aime bien la chanson qui lui sert de titre, ce qui ne gâte rien. 

  8. Une séance qui vous a fait aimer un jeu
    Il y a de cela un paquet d'années (c'était même au millénaire précédent, c'est dire), j'ai poussé la porte d'un club de jeu de rôle pour la première fois. Le jeune homme que j'étais pu, au cours de ces premières séances, participer à une table de Hurlements, mené par son auteur. C'est sur le fameux scénario "Que la bête meure" que je découvris ce jeu et, par extension, une autre façon de jouer : le jeu d'ambiance. Je crois que ce fut la première fois que je rédigeai, pour moi-même, un récit de partie, tant je fut emballé. J'ai peu pratiqué ce jeu, au final, mais cette séance m'a fait découvrir une autre façon de jouer.

  9. Une séance qui vous a fait ne pas aimer un jeu
    Dans cette association de JdR et, presque chaque vendredi soir, nous jouions jusqu'à pas d'heure. C'est dans ce cadre que j'avais pu jouer, pour ma seule fois de côté de l'écran, à Berlin XVIII (je crois me rappeler qu'on  jouait sur la deuxième édition de ce jeu), qu'un des membres de la dite association nous avait vendu comme un jeu formidable.
    Cela vint-il des joueurs ? Du MJ ? Toujours est-il que, ce soir-là, nous fûmes plusieurs à copieusement nous ennuyer autour de la table et qu'il n'y eut pas d'autres épisodes... Quelques années plus tard, j'ai commencé à maîtriser la troisième édition de ce jeu, avec un réel plaisir. 

  10. Ce qu'on vous a fait de pire (en tant que MJ)
    Lors des soirées évoquées plus haut, les tablées n'étaient pas toujours régulières et il arrivait qu'on joue des one-shots, avec des personnages créés pour l'occasion. J'accueillais régulièrement de nouveaux joueurs, sur des univers accessibles par tous. Ce soir-là, j'avais décidé de faire jouer un James Bond 007 (et plus particulièrement le scénario "Bons baisers de l'enfer", paru dans Casus Belli n°23). Un de mes joueurs, après avoir longtemps bavé sur les armes proposées par le Manuel Q lors du briefing, l'a joué Gros Bill Rambo, à tel point qu'il a réussi à faire tuer son personnage, ce qui tient de la prouesse avec le système de JB007 (et a fortiori avec votre serviteur derrière l'écran). Je n'ai plus jamais joué avec cet individu. 
A vous de jouer !

2 commentaires:

  1. En quelques lignes, racontez...
    1. Une scène mémorable (en tant que joueur)
    La fin du gros scénario Heroes of the Seas pour « Achtung ! Cthulhu » : nos investigateurs devaient empêcher une cérémonie mais l'effectif ennemi était important et les chances de survie très faibles : la victoire a été de notre côté sans perdre personne mais nous étions tous prêts à perdre nos persos pour la remporter parce qu’on avait passés de très bons moments jusque là.
    2. Un personnage que vous avez aimé incarner (en tant que joueur)
    Réponse liée à la précédente : mon personnage pour ce scénario et les suivants, l’agent 001 du MI13, Vivian Cavendish. À la base un concept de moi modifié par mon MJ et que je me suis approprié avec intensité.
    3. Une scène mémorable (en tant que MJ)
    Vieux souvenir d’un scénario AD&D paru dans Casus Belli n°31 : La Compagnie du Bout du Monde. Les personnages escortent une jeune femme à travers des embûches pour qu’elle… bref : mes joueurs avaient les larmes aux yeux. On était jeunes mais quand même, quelle sensation…
    4. Un personnage-non-joueur que vous avez aimé incarner (en tant que MJ)
    Jeunesse, dans le scénario Le Secret de Muringhen, pour Rêve De Dragon
    Bon, c’était en jouant avec ma petite amie de l’époque et hum, bon… mais la gamine peu bavarde monomaniaque à la recherche de ses souvenirs était assez marrante à jouer pour le barbu que j’étais à l’époque.
    5. Une scène improvisée qui s'est avérée importante
    Aucun souvenir. Il y a dû y en avoir…
    6. Un jet de dé(s) qui fut déterminant (qu'il s'agisse d'un échec ou d'une réussite)
    Souvenir des années lycée (il y a 30 ans) : à INS/MV, ma sœur a réussi un 111 suivi d’un 666 et d’un autre 111 pour éviter un truc. Une chance sur vraiment beaucoup beaucoup !
    Autrement je ne suis pas fétichiste des jets de dés et de leurs résultats.
    7. Votre scénario préféré (amateur ou non, publié ou non)
    Le Quatuor Zalojhnyi est une superbe campagne en quatre aventures pour NBA (Night’s Black Agents), digne d’un film d’action 5 étoiles : des péripéties, des PNJ mémorables, des types d’aventures variés… de quoi jouer pendant de belles sessions dans toute l’Europe médiane et au-delà.
    8. Une séance qui vous a fait aimer un jeu
    Notre MJ était fan du jeu Savage Worlds mais j’ai eu plus de mal à adhérer à ce système : c’est pourtant désormais mon 2e jeu préféré.
    Il y a vraiment du fun avec son système qui offre tout de même de belles possibilités de roleplay. C’est avec les scénarios Achtung ! Cthulhu que j’ai changé d’avis sur SaWo.
    9. Une séance qui vous a fait ne pas aimer un jeu
    Une partie de D&D 3 et quelque par un MJ qui voulait nous embarquer dans une campagne qu’il avait déjà joué avec les membres de son groupe précédent. La part de nostalgie qu’il y mettait rendait les parties difficile voire désagréables : et le système n’à rien arrangé.
    10. Ce qu'on vous a fait de pire (en tant que MJ)
    Foirer le premier scénario du Quatuor Zalojhnyi quand je l’ai proposé à mes potes 
    J’ai mal analysé le déroulement de l’intrigue et je n’ai pas repéré le moment clé que les personnages ne pouvaient louper – sans réussir à le leur faire vivre.
    De fait ils sont passés à côté et ça les a dégoûté du jeu en prime !

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    Réponses
    1. Merci de nous avoir fait partager ces souvenirs rôludiques !

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