Et voilà : comme annoncé, voici le dernier article de cette série consacrée aux Casus d'avant. Avec le n°37, je referme une parenthèse (appréciée, semble-t-il). L'histoire de Casus Belli (canal historique) continue de s'écrire ailleurs. Repartons donc au printemps 1987 : de quoi nous parlait Casus Belli à cette époque ?
Alors qu'une page de publicité annonce la sortie de Stormbringer en français pour avril, l'éditorial célèbre les 7 ans de Casus Belli, ce qui ne nous rajeunit pas. Alors que le deuxième salon national des jeux de réflexion bat son plein du côté de la porte de Versailles (et qu'AD&D brille par son absence sur les tables annoncées), les Nouvelles du Front font le plein d'annonces, incluant d'ailleurs quelques services Minitel ludiques (ça non plus ne nous rajeunit pas).
Dans les sorties à venir, le poids lourd (en VF) est l'arrivée de Stormbringer et de Les Mille et une Nuits, le très beau jeu de plateau édité chez Gallimard (qui va bientôt arrêter les frais ludiques). En VO, les suppléments sont nombreux et peu de nouveaux jeux sont annoncés. Le Barbare Déchaîné, de son côté, s'en prend au dessin animé Le sourire du Dragon. Produit par Gary Gygax, il s'agissait à l'époque d'un dessin animé AD&D, diffusé sur Antenne 2 (l'ancêtre de France 2, pour les moins vieux plus jeunes).
Au milieu de ces nouvelles, un page de BD nous donne l'occasion d'admirer le trait de Tignous, avec une page de BD narrant les aventures d'Albert Pommier, facteur de son état, et qui ouvre d'ailleurs un concours de synopsis destinés à alimenter de futurs épisodes. On aura droit à la suite dans le numéro suivant.
Un coup d'œil à la presse et on file vers What's your game ? qui va traîner du côté du Québec et de l'Espagne tout en se penchant sur l'état d'esprit du jeu américain (en pleine polémique Price of Freedom, dont je parle plus bas). Une petite interview de Greg Stafford qui s'élève contre la tendance nationaliste affichée par certains jeux.
Les inspi-bouquins mettent en avant un bel échantillonnage de romans qui n'ont pas tous survécu à l'oubli, et on peut en dire de même des BD présentées par André Foussat. Pour l'inspi-ciné, c'est horreur qui est à l'honneur, avec notamment une interview de Michele Soavi, un émule de Dario Argento.
Passons aux Têtes d'affiche : le wargame fait son retour, puisqu'on parle d'Armada, de Tank Leader et de Paratrooper, avant Gamma World (dans sa troisième édition) et de la ré-édition de RuneQuest, puis de jeux plus confidentiels comme Danger International, Ghostbusters ou Teenage Mutant Ninja Turtles (oui, les Tortues Ninja !). Du côté des suppléments et des scénarios, on relèvera Enchères sous pavillon noir, encensé par le chroniqueur. Comme quoi, les temps ont changé...
L'article suivant parle de Dragonlance, qui décrit une campagne mythique pour AD&D. Je crois pouvoir dire qu'à l'époque, l'article de Jean Balczesak donna envie à beaucoup de joueurs d'aller faire un tour dans le monde de Krynn.
Il était annoncé dans le numéro précédent : Price of Freedom fait l'objet d'un article à charge de Pierre Rosenthal. Pour ceux qui n'ont pas connu cette période, ce jeu (édité par West End Games et auquel ont contribué quelques pointures du JdR, comme Greg Costikyan, qu'on retrouvera plus tard aux manettes de Star Wars D6) plongeait les personnages dans une dystopie où les USA étaient envahis par les vilains Russes. Plein de patriotisme, il plaidait maladroitement l'humour, mais l'argument du second degré n'avait pas pris. Au passage, l'auteur du jeu se fait méchamment écharper dans un encadré de Duccio Vitale. La série télévisée (à l'époque, on parlait de feuilleton) Amerika, qui inspira ce jeu, n'a pas laissé beaucoup de souvenir
Pour replacer le contexte, en 1987, le mur de Berlin n'était pas tombé et la Guerre Froide n'était pas terminée. Ronald Reagan était encore en poste à la Maison Blanche et Gorbatchev faisait assaut d'amabilités envers l'Occident, ce qui préfigurait la chute à venir de l'U.R.S.S. Avec le recul, le ton de l'article paraît bien mélodramatique : tout le monde (ou presque) a oublié Price of Freedom et la réalité n'est pas si loin de dépasser la fiction.
Profession Maître du Donjon revient aux fondamentaux du JdR et de son grand ancien. Il est écrit par Denis Beck, qui sait de quoi il parle, et est forcément recommandable. Vient ensuite un très bel article, instructif et riche, traite de l'héraldique. Il est conçu (et illustré) par la regrettée Anne Vétillard, qui maîtrisait rudement son sujet. On s'est tous couchés moins bêtes après cette lecture, je crois.
Les scénarios de ce numéro concernent Légendes de la Table Ronde, Rêve de Dragon et AD&D
Devine qui vient dîner...explore les Marais de la possession et ceux qui les peuplent, illustrés par Ségur, tandis que la rubrique Dis Monsieur est illustrée par Mézières, qui nous offre une créature qu'on jurerait sortie d'un album de Valérian. Rappelons que ce dessinateur est loin d'être étranger au monde du JdR, puisqu'il avait déjà illustré la couverture d'Animonde (voilà encore un jeu qui mériterait une nouvelle édition). Bâtisses et Artifices traîne ses guêtres à Laelith et décrit les Prisons et Tribunaux de la cité. c'est riche et inspirant, comme bien souvent.
Du côté des scénarios, on a La butte aux corbeaux (pour Légendes de la Table Ronde) par Anne Vétillard, Les Montagnes Barbares (pour AD&D) et Cherche-Lune (pour Rêve de Dragon). En les relisant, on se prend à avoir envie de parcourir certains de ces univers rôludiques.
Les Métalliques explorent le futur : on a droit à de jolies figurines de science-fiction, qui vont de Traveller à Paranoïa, puis on passe aux jeux de plateau avec Roma (jeu de stratégie d'International Team), avant la Ludotique, où est chroniqué (parmi d'autres) un certain Nine Princes in Amber, tiré des romans de Zelazny et qui fera bientôt l'objet d'une adaptation rôludique.
Le wargame en encart est consacré à Turenne et la campagne d'Alsace en 1674. Oui, encore un numéro qui offrait, l'air de rien, un jeu complet (et viable !). Un article sur le wargame The Korean War, traitant d'un conflit peu exploité ludiquement parlant, où l'auteur s'égare parfois à raconter sa vie, mais reste très positif sur ce jeu. Spain and Portugal (le sixième volet de la série Europa) conclut la partie wargame du magazine (si on excepte un courrier et l'errata du jeu publié dans le numéro précédent).
C'est Kroc-le-bô qui clôture ce numéro, en trouvant l'amour... ou pas !
Cet exercice de recension fut, une nouvelle fois, un grand plaisir. Cependant, comme annoncé, il s'arrête ici. Les numéros suivants sont l'objet de chouettes récits (j'en ai fait la liste dans un article il y a quelques semaines).